mercredi 26 janvier 2011

Notre poison quotidien


« Notre poison quotidien » Une enquête de Marie-Monique Robin. 
Au cœur de la nouvelle enquête , il y a une question fondamentale : comment les produits chimiques qui contaminent notre chaîne alimentaire sont-ils testés, évalués, puis réglementés ?



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Au cours des 30 dernières années, le cancer, les maladies neurologiques (Parkinson et Alzheimer) ou auto-immunes, le diabète et les dysfonctionnements de la reproduction n’ont cessé de progresser. Comment expliquer cette inquiétante épidémie, qui frappe particulièrement les pays dits « développés » ? C’est à cette question que répond Notre poison quotidien, fruit d’une enquête de deux ans en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. 

S’appuyant sur de nombreuses études scientifiques, mais aussi sur les témoignages de représentants des agences de règlementation – comme la Food and Drug Administration (FDA) américaine ou l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) –, le film montre que la cause principale de l’épidémie est d’origine environnementale : elle est due aux quelques 100 000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement, et principalement notre alimentation, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 


Cette grande enquête retrace le mode de production, de conditionnement et de consommation des aliments, depuis le champ du paysan (pesticides) jusqu’à notre assiette (additifs et plastiques alimentaires). Elle décortique le système d’évaluation et d’homologation des produits chimiques, à travers les exemples des pesticides, de l’aspartame et du Bisphénol A (BPA), et montre qu’il est totalement défaillant et inadapté. Elle raconte les pressions et les manipulations de l’industrie chimique pour maintenir sur le marché des produits hautement toxiques. Enfin et surtout, elle explore les pistes permettant de se protéger en soutenant ses mécanismes immunitaires par la nourriture, ainsi que le démontrent de nombreuses études scientifiques (décriées par l’industrie pharmaceutique).

Source du texte et Dossier sur Marie-Monique Robin (extrait du film, interview, livre, ...) : Arte
Blog de : Marie-Monique Robin
Blog : Le Monde selon Montsanto (autre film de Marie-Monique Robin)
Sur la journaliste : Wikipedia

Diffusions :
26 janvier sur RTBF,
7 février sur la TSR,
15 mars (20h 40) sur Arte
26 mars (14h 30) sur Arte
14 avril (14h45) sur Arte
Visible sur le site de la TSR du 8 au 15 février.


Autre : 

Coline Serreau sera à Genève demain (jeudi 27, 20h à l'Auditorium Arditi - entrée 8 CHF) pour présenter son dernier film, Solutions locales pour un désordre global.
Blog de : Coline Serreau




Osons prendre vraiment conscience de ce que nous mangeons ...

Je commence aujourd'hui une série de papiers qui vont expliquer la démarche que j'ai suivie pour réaliser cette longue enquête qui m'a conduite dans six pays européens (France, Italie, Allemagne, Suisse, Grande Bretagne, Danemark), aux Etats Unis, au Canada, au Chili, et en Inde.

Pourquoi cette enquête ?
Alors que je travaillais sur le passé et le présent peu glorieux de Monsanto et que je découvrais comment depuis sa création au début du XXème siècle la firme n'a cessé de cacher la haute toxicité de ses produits, je me suis posé trois questions :
- Est-ce que le comportement de Monsanto constitue une "exception" dans l'histoire industrielle ?
- Comment sont réglementés les 100 000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la seconde guere mondiale ?
- Y-a-t il un lien entre l'exposition à ces produits chimiques et "l'épidémie de maladies chroniques évitables" que l'Organisation mondiale de la santé OMS) a constatée surtout dans les pays dits "développés" (les termes que j'ai mis entre guillemets sont ceux utilisés par l'OMS) ?
Consciente que le champ d'investigation était très vaste, j'ai décidé de ne m'intéresser qu'aux seuls produits chimiques qui entrent en contact avec notre chaîne alimentaire du champ du paysan (pesticides) à l'assiette du consommateur (additifs et plastiques alimentaires).
Avant d'entreprendre mon nouveau tour du monde, j'ai réalisé un long travail de recherche préparatoire qui a consisté à lire de nombreux livres (une centaine, essentiellement anglophones), rapports, études scientifiques et j'ai rencontré des experts (toxicologues, biologistes, représentants des agences de réglementation) , soit directement lors de rendez-vous personnels ou lors de colloques spécialisés. J'ai aussi consulté les archives d'organisations internationales comme l'OMS ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui dépend de la première.
Source du texte : Notre Poison Quotidien

Et pour illustrer et vous couper l'appétit, la "Recette de la tarte aux cerises".
Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d'une tarte aux cerises de supermarché, depuis le champ de blé jusqu'à l'usine agro-alimentaire. Bon appétit !

Histoire de la Pâte.
Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d'un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, 1 traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d'éviter la verse et 1 dose importante d'engrais: 240 kg d'azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l'hectare, tout de même ! Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et au bisulfide de carbone, puis arrosés au chlopyriphosméthyl. Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l'acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l'amylase. Ensuite, il faut faire lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l'amidon est blanchi au permanganate de potassium. Pas de pâte sans corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement) comme l'hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.
Histoire de la Crème.
La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des oeufs, du lait, et même de l'huile.
* Les oeufs proviennent d'un élevage industriel où les poules sont nourries
avec des granulés contenant des :
- antioxydants (E300 à E311),
- arômes,
- émulsifiants: alginate de calcium,
- conservateurs : acide formique,
- colorants : capsanthéine,
- agents liants: lignosulfate
- et enfin des appétants : glutamate de sodium, pour qu'elles puissent avaler tout ça.
Elles reçoivent aussi des antibiotiques, bien entendu, et surtout des anticoccidiens. Les oeufs, avant séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l'acide cholique et une enzyme pour retirer
le sucre du blanc.
* Le lait provient d'un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques :
- antibiotiques : flavophospholipol (F712) ou monensin-sodium (F714)
- antioxydants : ascorbate de sodium (F301), alphatocophérol de synthèse
(F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou éthoxyquine (E324),
- émulsifiants : alginate de propylène-glycol (F405) ou polyéthylène glycol
(F496),
- conservateurs : acide acétique, acide tartrique (E334), acide propionique
(F280) et ses dérivés (F281 à E284),
- composés azotés chimiques : urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803),
- agents liants : stéarate de sodium,
- colorants : F131 ou F142
- et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.
* Les huiles, quant à elles, ont été :
- extraites par des solvants comme l'acétone,
- puis raffinées par action de l'acide sulfurique,
- puis lavageà chaud,
- neutralisées à la lessive de soude,
- décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium
- et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc.
- Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.
La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et des stabilisants comme l'acide alginique (E400).
Histoire des Cerises
(complété d'apres des éléments de "Aromatherapie" Jean Valnet 1990, Maloine)
Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides selon les années.
* Les cerises sont :
- décolorées à l'anhydride sulfureux
- et recolorées de façon uniforme à l'acide carminique ou à l'érythrosine.
- Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d'aluminium
- et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium
(E202).
Elles sont enfin enduites d'un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur bonne dose d'engrais et de pesticides. Ce sucre est extrait par :
- défécation à la chaux et à l'anhydride sulfureux,
- puis décoloré au sulfoxylate de sodium,
- puis raffiné au norite et à l'alcool isopropylique.
- Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.
Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est necessaire d'ajouter un parfum artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthetique du goût et de l'odeur à partir d'éléments artificiels
issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles- par économie d'echelle - en comparaison du parfum naturel de fruit.
L'exemple developpé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d'ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet..
etc.
* Le parfum artificel de cerise se compose donc des molécules synthetiques (donc à la stéréochimie inversée) suivantes :
- acétate d'ethyle
- acéthyl méthylcarbinol
- butyrate d'isoamyle
- caproate d'ethyle
- caprylate d'isoamyle
- caprate d'ethyle
- butyrate de terpenyle
- geraniol
- butyrate de geranyl - acetylacetate d'ethyle
- heptanoate d'ethyle
- aldéhyde benzoique
- aldéhyde p-toluique
- vanilline
- essence artificielle d'amande amère SAP
- essence artificielle de girofle Bourbon
- essence artificielle de cannelle Ceylan
- essence de lie de vin .


Ce texte, consacré à "la tarte aux cerises de supermarché" a été rédigé par Claude Bourguignon, un ingénieur agronome qui travailla à l'INRA, avant de quitter l'honorable maison pour cause de désaccord. Spécialiste de la microbiologie des sols, c'est lui qui démontra, pour la première fois, que les sols cultivés à grand renfort d'engrais chimiques et de pesticides, étaient biologiquement ... morts. Tout ce qui fait la vie, et donc la
qualité des terres, à savoir les populations microbiennes et fongiques, est détruit par les produits chimiques, conduisant à une perte des nutriments et à l'érosion des sols. Membre de la Société américaine de microbiologie - en France , il n' y a plus aucune chaire de microbiologie des sols, y compris à l'INRA! - Claude Bourguignon a créé avec sa femme le Laboratoire d'analyse microbiologique des sols, qui intervient dans de nombreux pays, pour aider les agriculteurs à retrouver la fertilité de leurs sols.

Source du texte : Notre Poison Quotidien
Laboratoire d'analyse des sols de Claude Bourguignon : Lams





Avant de revenir, dans un prochain commentaire, sur la notion de Dose journalière acceptable (DJA) et de "Limite maximale de résidus" (LMR), je  transcris quelques ligne de La société du risque , un livre fondamental pour tous ceux qui veulent comprendre comment on en est arrivé à cette situation de contamination généralisée, considérée comme un "dégât colatéral" inévitable du "progrès", fût-ce au prix de dizaines de milliers de morts et de malades.

« Les sciences telles qu’elles ont été conçues – avec leur répartition du travail ultraspécialisée, leur appréhension des méthodes et de  la théorie, leur absence totale de rapport avec la praxis – se révèlent totalement incapables de réagir de façon adéquate aux risques liés à la civilisation, pour la bonne raison qu’elles participent activement à leur naissance et à leur développement, écrit le sociologue allemand.  Elles se muent bien plutôt -  que ce soit avec la bonne conscience de la « scientificité pure » ou avec des scrupules croissants – en protecteurs et légitimateurs d’une pollution industrielle planétaire de l’air, de l’eau, de l’alimentation, etc., et du déclin et du dépérissement des plantes, des animaux et des hommes qui en résultent ».
Puis, Ulrich Beck consacre de longues pages aux « scientifiques spécialistes du risque » qu’il appelle les « magiciens » ou les « acrobates des taux limites » : « Comme les scientifiques ne sont jamais totalement inconscients, ils ont inventé bien des mots , des méthodes et des chiffres pour masquer leur inconscience. Le mot « taux limite » est l’une des façons les plus répandues de dire que l’on ne sait rien (…) Les taux limites de présence « acceptable » de substances polluantes et toxiques dans l’air, l’eau et l’alimentation réussissent le tour de force d’autoriser les émissions polluantes tout en légitimant leur existence, tant qu’elle se cantonne en deçà de valeurs établies . En limitant la pollution, on fait le jeu de la pollution (…) Il est possible que les taux limites permettent d’éviter le pire, mais ils servent aussi à « blanchir » les responsables : ils peuvent se permettre d’empoisonner un peu la nature et les hommes (…) Les taux limites sont les lignes de repli d’une civilisation qui s’entoure elle-même de substances polluantes et toxiques en surabondance.   L’exigence de non-intoxication, qui paraît pourtant le fait du bon sens le plus élémentaire, est donc rejetée parce qu’utopique (…) Les taux limites ouvrent la voie à une ration durable d’intoxication collective normale (…) Ils assurent une fonction de désintoxication symbolique. Ils font office d’anxiolytiques symboliques contre l’accumulation d’informations catastrophiques sur la pollution. Ils indiquent qu’il y a des gens qui se donnent du mal et qui restent vigilants».  Et le sociologue allemand de conclure par un commentaire acerbe   sur les « constructeurs de taux limites » qui, à ses yeux, sont des « chimistes magiciens de l’ère post-industrielle », doués de « talents de voyance extralucide »  et d’un « troisième œil » : «  En fin de compte, il s’agit de déterminer jusqu’ où on peut aller sans que l’intoxication soit une intoxication, et à partir de quand une intoxication est une intoxication (…) il est difficile de voir dans tout cela autre chose qu’une façon très élégante et très chiffrée de déclarer : nous non plus nous ne savons pas.»
Source du texte : Notre Poison Quotidien
Emission radio : RTL
Résumé de La Politique du risque de Ulrich Berk : Cairn

Claude Bourguignon a aussi participé au récent film de Colline Serreau, Solution Locales pour un Désordre Global (2010).



Autre film de Marie-Monique Robin, Le Monde selon Monsanto :



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Le monde selon Monsanto : De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien (Livre)


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