mercredi 12 janvier 2011

Rumi ou Mevlana Djalâl ad-Dîn Rûmî





Celaledîn Rûmî Mevlâna, مولانا جلال الدين محمد بلخى, en turc: Mevlânâ Celaleddin-i Rumi) (Balkh, 30 septembre 1207 - Konya, 17 décembre 1273) est un mystique musulman persan qui a profondément influencé le soufisme. Il existe une demi-douzaine de transcriptions du prénom Djalal-el-Dine, « Majesté de la religion » (de djalal, majesté, et dine, religion, mémoire, culte). Il reçut très tôt le surnom de Hüdavendigar, ou mawlânâ Hüdavendigar ou mevlânâ, qui signifie « notre maître ». Son nom est intimement lié à l'ordre des « derviches tourneurs » ou mevlevis, une des principales confréries soufies de l'islam, qu'il fonda dans la ville de Konya en Turquie.
La plupart de ses écrits lui ont été inspirés par son meilleur ami, Shams ed Dîn Tabrîzî, dont le nom peut être traduit par « Soleil de la religion "
Il était originaire de cité de Balkh dans le nord de l'Afghanistan actuel.
Rûmî a également repris à son compte les fables d'Ésope dans son principal ouvrage le « Masnavî » (« Mathnawî », « Mesnevi »), que La Fontaine retraduira partiellement à son tour en français. Les Turcs et les Iraniens d'aujourd'hui continuent d'aimer ses poèmes. Reconnu de son vivant comme un saint, Rûmî avait des prises de position assez novatrices par rapport au pouvoir politique et au dogme musulman. Il aimait à fréquenter les chrétiens et les juifs tout autant que ses coreligionnaires.
L'UNESCO a proclamé l'année 2007 année en son honneur pour célébrer le huitième centenaire de sa naissance. Ainsi, le 30 septembre furent organisées à Konya des festivités avec la participation des derviches tourneurs.
Source : Wikipedia


Bibliographie (en français) :
- Odes mystiques, éd. Klincksieck, 1973. Extraites du Dîvan-e Shams-e Tabrîz, dédiées à son maître Shams.
- Le livre du dedans (Fîhi-mâ-fihî), éd. Sindbad, 1975 (réédité en 1982 et en 1997, Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes).
- Mathnawî, éd. du Rocher, 1990. Poème moral, allégorique et mystique de plus de cinquante mille vers.
- Rubâi'yât, Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, 2003. Recueil de quatrains sur l'expérience mystique.
- Lettres, éd. Jacqueline Renard, 1990.
- Mesnevi, recueil de contes soufis (il s'agit d'un résumé du Mathnawi), Albin Michel, 1988.
- Soleil du Réel, Poèmes d'amour mystique, Imprimerie Nationale, 1999.
Etudes :
Eva de Vitray-Meyerovitch, Rûmî et le soufisme, Points Sagesses, 2005.
Eva de Vitray-Meyerovitch, Le Chant de Rûmî, éd. La Table Ronde, coll. Les petits livres de la sagesse, 1997.
Eva de Vitray-Meyerovitch, Le Chant du Soleil, éd. La Table ronde, 1993.
Eva de Vitray-Meyerovitch, Mystique et Poésie en Islam : Djalâl-ud-Dîn Rûmî et l’Ordre des Derviches tourneurs, éd. Desclée de Brouwer, 1982.
Manijeh Nouri-Ortega, Le sens de l'amour chez Rumi, Éditions Dervy, 2005.
Olivier Weber, Le grand festin de l'Orient, Robert Laffont, 2004.
Annemarie Schimmel, L' Incendie de l'âme, l'aventure spirituelle de Rûmi, Albin Michel, 1998
Les Quatrains de Rûmi, calligraphiés par Hassan Massoudy, Albin Michel, 2000
Nahal Tajadod, Sur les pas de Rûmi, Albin Michel, 2006
Leili Anvar-Chenderoff, Rûmî, Entrelacs, 2004.
Source : Wikipedia
On line (en anglais) : Semazen


Que faire, o musulman ? Car je ne me reconnais pas moi-même.
Je ne suis ni chrétien, ni juif, ni guèbre, ni musulman; je ne suis ni d'Orient, ni d'Occident, ni de la terre, ni de la mer; je ne proviens pas de la nature, ni des cieux en leur révolution.

Je ne suis pas de terre, ni d'eau, ni d'air ni de feu; je ne suis pas de l'empyrée, ni de la poussière; pas de l'existence ni de l'être; je ne suis ni d'Inde, ni de Chine, ni de la Bulghar, ni de Saqsin, je ne suis pas du royaume d'Iraq ni du pays de Khorassan. Je ne suis pas de ce monde, ni de l'autre, ni du paradis ni de l'enfer, je ne suis ni d'Adam, ni d'Eve, ni de l'eden ni du rizwan.
Ma place est d'être sans place, ma trace sans trace; ce n'est ni le corps ni l'âme, car j'appartiens à l'âme du Bien-Aimé.
J'ai renoncé à la dualité, j'ai vu que les deux mondes sont un : Un seul je cherche, Un seul je sais, Un seul je vois, Un seul j'appelle.
Il est le Premier, Il est le Dernier, Il est le Manifeste, Il est le Caché; je ne connais nul autre que "= Lui" - ya hu - et "O Lui qui est !" -ya man hu.

Je suis enivré de la coupe de l'amour, je n'ai que faire des deux mondes; je n'ai d'autre fin que l'ivresse et l'extase.
Si j'ai passé un seul instant de ma vie sans toi, de ce moment et de cette heure, je me repens. Si j'obtiens en ce monde un seul moment avec toi, je foulerais aux pieds les deux mondes, je danserai en triomphe à jamais.
O Shams de Tabriz ! Je suis si enivré en ce monde que je ne sais rien d'autre qu'ivresse et transport.
Traduit par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

Si mon ami plein de douceur me fait asseoir dans la poussière,
Pourquoi s’affligerait un pauvre hère qui possède un puissant Ami ?
Le chagrin qu’Il me cause est dans mon cœur comme un trésor,
Mon cœur est "Lumière sur lumière",
Pareil à la belle Maryam qui porte en son sein Jésus.
Mon ami est le soleil, il ne se promène que seul;
C’est la lune qui est à la tête de l’armée des étoiles.
Dîwân-e Shams-e Tabrîzî, Ode 565

Notre mort, c’est nos noces avec l’éternité.
Quel est son secret ? Dieu est un.
Le soleil se divise en passant par les ouvertures de la maison ;
Quand ces ouvertures sont fermées, la multiplicité disparaît.
Cette multiplicité existe dans les grappes :
Elle ne se trouve plus dans le suc qui sourd du raisin.
Pour celui qui est vivant dans la lumière de Dieu,
La mort de cette âme charnelle est un bienfait.
A son sujet, ne dis ni mal ni bien,
Car il est passé au-delà du bien et du mal. »
Mathnawî, éditions du Rocher, 1990.

Ecoute la flûte de roseau et sa plainte, comme elle chante la séparation : 
on m'a coupé de la jonchaie, et dès lors ma lamentation fait gémir l'homme et la femme. 
J'appelle un coeur que déchire la séparation pour lui révéler la douleur du désir. 
Tout être qui demeure loin de sa source aspire au temps où il lui sera uni. 
Feu et non vent : tel est le son de la flûte. Périsse qui n'a point cette flamme !
Feu de l'amour dans le roseau, ardeur de l'amour dans le vin ! 
Ney, compagnon pour qui vit séparé de l'Ami, et dont les accents déchirent nos voiles, lui poison et andidote, confident et amoureux, qui jamais vis ton égal ? 
Traduit par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme



Cent vagues se brisent dans l'océan sous le vent du Sama
tout coeur n'est pas digne de vivre le Sama
le coeur qui s'est uni à l'océan des coeurs
sous ce vent se met à frémir et réclame le Sama

Nous sommes tes hôtes et les hôtes du Sama
ô âme des compagnons et sultan du Sama !
Tu es l'océan de la douceur et la mine du Sama !
que soit ornée pour toi la cour du Sama !

O jour, lève-toi ! des atomes dansent
les âmes, éperdues d'extase, dansent.
A l'oreille, je te dirai où l'entraine la danse.

Tous les atomes qui peuplent l'air et le désert
sache bien qu'ils sont épris comme nous
et que chaque atome heureux ou malheureux
est étourdi par le soleil de l'Ame universelle.
Traduit  par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

Purifies-toi des attributs du moi, afin de pouvoir contempler ta propre essence pure, et contemple dans ton propre coeur toutes les sciences des prophètes, sans livres, sans professeurs, sans maitres.
Le livre du soufi n'est pas composé d'encre et de lettres; il n'est rien d'autre qu'un coeur blanc comme la neige.
Traduit  par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

(...)
Sache que le monde des choses crées est pareil à de l'eau pure et limpide dans laquelle brillent les attributs de Tout-Puissant. Leur connaissance, leur justice et leur clémence sont comme une étoile du ciel reflétée dans l'eau courante. Les rois sont le théâtre où apparaît la royauté de Dieu; les sages sont les miroirs de la sagesse de Dieu. Les générations on passé, et voici une nouvelle génération; la lune est la même lune, mais l'eau n'est pas la même eau. La justice est la même justice, et la science est la même science aussi, mais ces générations et ces peuples ont été remplacés par d'autres. Générations et générations ont disparu, mais ces Idées sont permanentes et éternelles. 
L'eau dans cette rivière a changé bien des fois : le reflet de la lune et des étoiles demeure inaltété...
Ces attributs sont comme des étoiles idéales : sache qu'ils sont établis dans la sphère des Idées. Ceux qui sont beaux sont le miroir de la beauté divine; l'amour qu'ils s'inspirent est le reflet du désir dont Dieu est l'objet. Cette joue, ce grain de beauté, il faut les rechercher à leur origine : comment un fantôme persisterait-il dans l'eau à jamais ? La totalité des forme n'est qu'un reflet dans l'eau de la rivière; si tes yeux sont dessillés, tu sauras qu'en réalité elles sont toutes Lui. 
Traduit  par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

Il est un soleil caché dans un atome : soudain, cet atome ouvre la bouche. Les cieux et la terre s'effritent en poussière devant ce soleil lorsqu'il surgit de l'embuscade.

Je suis arrivé dans un désert où l'amour apparaît.

Ne sois pas une goutte, fais de toi-même un océan
Si tu veux être une mer, fais de ta goutte un néant.

Pour l'amoureux assoiffé, il existe du vin, ne crains pas !
Tu es resté sans eau, il y a de l'eau près de toi, ne crains pas.
Tu es un trésor, si ta maison est en ruines, ne crains pas.
Eveille-toi du monde qui est un rêve. Ne crains pas !

Des Hindous avaient amené un éléphant; ils l'exhibèrent dans une maison obscure. Plusieurs personnes entrèrent, une par une, dans  le noir, afin de le voir. Ne pouvant le voir des yeux, ils le tâtèrent de la main. L'un posa la main sur sa trompe; il dit : "Cette créature est telle un tuyau d’eau". L'autre lui toucha l'oreille : elle lui apparut semblable à un éventail. Lui ayant saisi la jambe, un autre déclara : "L'éléphant a forme de pilier". Après lui avoir posé la main sur le dos, un autre dit : "En vérité, cet éléphant est comme un trône." De même chaque fois que quelqu'un entendait une description de l'éléphant, il la comprenait d'après la partie qu'il avait touché. Leurs affirmations variaient selon ce qu'ils en avaient perçu : l'un appelait dal, l'autre alif.
Si chacun d'eux avait été muni d'une chandelle, leurs paroles n'auraient pas différé. L'oeil de la perception est aussi limité que la paume de la main qui ne pouvait cerner la totalité (de l'éléphant). L'oeil de la mer est une chose, l'écume en est une autre; délaisse l'écume et regarde avec l'oeil de la mer. Jour et nuit, provenant de la mer, se meuvent les flocons d'écume; tu vois l'écume, non la mer. Que c'est étrange ! Nous nous heurtons les uns contre les autres comme des barques; nos yeux sont aveuglés; l'eau est pourtant claire. O toi qui t'es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l'eau, contemple l'Eau de l'eau. L'eau a une Eau qui la pousse, l'esprit un Esprit qui l'appelle.
Traduit par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

Il existe bien des chemins de recherche, mais la recherche est toujours la même. Ne vois-tu pas que les chemins qui conduisent à la Mecque sont divers, l'un venant de Byzance, l'autre de Syrie, et d'autres encore passant par la terre ou la mer ? Par conséquent, la distance de ces chemins à parcourir est chaque fois différente; mais, lorsqu'ils aboutissent, les controverses, les discussions et les divergences de vues disparaissent, car les coeurs s'unissent... Cet élan du coeur n'est ni la foi, ni l'infidélité, mais l'amour. 
Traduit par Eva de Vitray-Meyerotich dans : Anthologie du Soufisme

La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.











Eléments de biographie avec Pierre Lory et Kudsi Erguner (et un extraits avec Eva de Vitray-Meyerovitch)


"Rumi" un ballet de Maurice Béjart sur la musique de Kudsi Erguner : 



2 commentaires:

  1. Merci de tous ces éléments rassemblés sur Rumi, auquel je m'intéresse en ce moment. J'ai découvert à cette occasion votre blog et je le trouve fort intéressant. Je m'y suis donc abonné.

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