jeudi 24 mars 2011

Hanshan ou Han Shan


Hanshan (VIIe-VIIIe après J.C) est un poète et ermite chinois. On lui attribue la rédaction d'un recueil de poèmes (Hanshan shi). Ces poèmes étant datés du VIIe siècle pour les plus anciens au Xe siècle pour les plus récents, des doutes ont été émis quant à l'existence de Hanshan. Le nom Hanshan signifie littéralement « Montagne froide ». Il vient de l'endroit où aurait résidé l'ermite auquel est attribué le recueil, le lieu-dit Montagne Froide, dans le massif du Tiantai. Hanshan est vénéré dans plusieurs pays d'Asie comme une incarnation de la divinité de la sagesse Manjusri. L'imagerie hagiographique le représente hilare et débraillé, lisant un rouleau. Elle lui associe généralement Shide, moine excentrique reconnaissable au fait qu'il porte un balai. Le duo Hanshan et Shide (Kanzan Jittoku en japonais) est un thème récurrent de l'art nippon.
Comme personnage légendaire, Hanshan fait l'objet d'un culte persistant par des bouddhistes et des taoïstes, qui se sont disputé son appartenance ecclésiale. Son œuvre, elle, n'a été redécouverte qu'au début du XXe siècle. Son style direct et oral l'avait en effet exclu du canon de la littérature classique chinoise. C'est la traduction en anglais de vingt-quatre de ses poèmes par Gary Snyder et le livre de Jack Kerouac, The dharma bums (Les Clochards célestes), qui en fera un modèle pour les contestataires de la beat generation, puis pour les hippies.
Le recueil de poèmes a fait l'objet de traductions en plusieurs langues. Des traductions de l'ensemble du recueil sont disponibles en français et en anglais.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- Le mangeur de brumes, traduction, introduction et notes de Patrick Carré, Paris, éditions Phébus, 1985.
- La montagne froide, trad. Martin Melkonian. Ed. Fourbis.
- 108 poèmes. Ed. Moundarren.
- Le clodo du dharma, 25 poèmes. Bibliothèque asiatique,
- Poésies dans Le recueil de la falaise verte, trad. M. Shibata. Ed. Albin Michel.
En ligne (27 poèmes) : Alain Barre





Je trouve ma joie dans le chemin de chaque jour.
Au milieu des brumes et des cavernes de pierre.
Me réjouissant dans la nature sauvage, grande est ma liberté.
Les nuages blancs sont mes compagnons.
Il y a des routes, mais elles ne mènent jamais dans le monde des hommes.
Mon esprit est libre : qui pourrait encore l’illusionner ?
Dans mon lit de pierre, je m’assois seul dans la nuit,
Pendant que la lune ronde grimpe sur Montagne Froide.

Je gravis le chemin de Han Shan
Le chemin de Han Shan qui n'a pas de fin...
De longs torrents de pierres et de rocailles
De larges ruisseaux aux herbes épaisses...
La mousse glisse, pourtant nulle pluie
Les pins bourdonnent, pourtant nul vent...
Qui se dégagera du fardeau du monde
Pour venir s'asseoir avec moi dans les nuages blancs ?

Les hommes et les femmes d'aujourd'hui, comme ceux d'hier, cherchent le chemin des nuages
Le chemin des nuages est obscur, nulle trace pour se repérer
Les montagnes sont escarpées, les précipices redoutables
Larges sont les torrents et troubles sont leurs eaux...
Devant, des pics de jade, derrière, d'autres pics de jade
Partout des nuages blancs, à
l'ouest, à l'est
Voulez-vous savoir où se trouve le chemin des nuages ?
Nulle part, le chemin des nuages, c'est le vide !





Il se peut que des voyageurs demandent la route de montagne froide
Montagne froide pas une voie tracée de l'intérieur
La glace en été ne fond pas
Chaque matin les rayons du soleil se résolvent en volutes de brume
Comment suis-je parvenu jusqu'ici je me le demande encore

Haut, plus que haut le sommet de la montagne
Je regarde alentour : pas de limites !
Je suis assis seul et personne ne le sait
Et la lune est solitaire elle ausssi
Elle illumine la source glacée
Et pourtant dans la source, nulle trace de lune !...
La lune est là-haut, tout là-haut dans le ciel
Et moi, en bas, tout en bas, je murmure ce chant !
Ce chant qui, au fond, n'a pas grand chose de Zen !

Mon corps est ceint d'un habit aux fleurs de vacuité
Mes pieds sont chaussés de souliers en poil de tortue
Ma main empoigne l'arc en corne de lapin
Prête à décocher sur le démon de l'ignorance

Ai-je un corps ou n'ai-je pas de corps ?
Est-ce un moi ou n'est-ce pas un moi ?
Ainsi va la pensée consciencieuse
Le temps passe, assis contre la falaise
Les herbes vertes poussent entre mes pieds
Les poussières rouges tombent sur ma tête
Je vois déjà les ouailles offrir
Du vin des fruits sur mon lit de mort.




Il n'y a pas plus beau que le chemin de Han Shan !
On n'y voit pas de traces de carosse ou de cheval...
Difficile de s'orienter, les ravins convergent
Les pics s'entassent, on ne peut plus compter !
La rosée goutte dans mille sortes d'herbes
Le vent murmure dans la couronne des pins
Puis arrive un temps où l'on est complètement perdu
Alors le corps demande à son ombre : ""Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

Parler de nourriture ne remplit pas le ventre
Parler de vêtements ne protège pas du froid !
C'est en mangeant le riz que l'on est rassasié
En se couvrant que l'on se protège du froid !...
Si on ne prend pas la peine de réfléchir
On dit que trouver le Bouddha est difficile !
Pourtant il suffit de retourner en soi, au coeur et nulle part ailleurs,
C'est là que réside le Bouddha
Il est inutile de le chercher partout, fébrilement, à l'extérieur !

Heureux le corps in utero, au temps du chaos !
Pas besoin de manger ni de pisser !...
Quelle idée saugrenue de venir y percer des trous ?
Neuf orifices !...Et maintenant, jour après jour
Il faut s'habiller, manger
Année après année subir le souci des impôts !
Et sans arrêt, voir mille visages grimaçants se disputer un sou
et hurler à en perdre la vie !...

Passe un groupe de jeunes filles qui s'amusent dans le crépuscule
Le vent se lève, emplit l'allée de leur parfum !...
Leurs jupes sont ornées de papillons d'or
Leurs chignons épinglés de canards mandarin en jade...
Elles sont accompagnées de jeunes domestiques en robes de soie rouge
Et d'eunuques en vêtements brodés mauves !...
Je les regarde, les tempes blanches, le coeur troublé
Et j'en oublie mon chemin....

Seul, assis, souvent confus
L'émotion m'étreint le coeur
Et les nuages défilent étreignant les montagnes
Le vent s'engouffre dans la vallée
Les arbres bruissent, les singes s'approchent
Les oiseaux s'enfoncent dans la forêt d'où l'on entend leurs tristes cris !....
Le temps s'enfuit
A mes tempes les cheveux ont blanchi
L'année se termine et je me sens vieux, seul et désolé...

Les fleurs de pêchers aimeraient bien passer l'hiver
Mais le vent et la lune ne les attendent pas  !
Vous aurez beau chercher un homme de l'époque des Han
Vous n'en trouverez pas !
Jour après jour les fleurs se fânent et tombent
Et même les hommes irremplaçables sont remplacés !...
Et là où, aujourd'hui, le vent soulève la poussière
Autrefois s'étendait la mer....







Dans l'eau claire, lumineuse
Lumineuse comme du jade
On voit naturellement jusqu'au fond...
Quand le coeur est libre de toute pensée
Les dix mille circonstances ne peuvent le toucher
Si le coeur ne s'agite pas pour des futilités
Le changement éternel ne saurait le troubler
Si l'on comprend cela
Si l'on comprend bien cela
On sait qu'il n'y a ni dos ni face !...

Je vois les hommes de ce monde,
Perdus, perdus, arpentant les chemins de poussière,
Sans comprendre ce qu'ils sont en train de faire
Comment s'en sortir ?
Les jours fastes, combien en tout ?
Parents et amis ne sont proches qu'un court moment
Mille mesures d'or ?
Incomparable, être pauvre sous un arbre.
Source des textes : Moundarren / Alain Barre


The Fool on the Hill (Le Fou sur la Colline).
Une chanson des Beatles inspirée par l'histoire de Han Shan



Jour après jour,
Seul sur la colline
L'homme au sourire idiot
Reste parfaitement tranquille
Mais personne ne veut le connaître
Ils voient bien que ce n'est qu'un pauvre fou
Et il ne donne jamais de réponse... ... .

[Refrain]
Mais le fou de la colline,
Voit le soleil se coucher
Et les yeux dans sa tête
Voient le monde tourner... . .

Ayant parcouru une bonne partie de son chemin,
La tête dans les nuages
L'homme aux mille voix,
Parle parfaitement fort
Mais personne ne l'entend jamais,
Ou du moins le son qu'il semble produire
Et il ne semble jamais remarquer... . .

[Refrain]
Et personne ne semble l'aimer,
Ils sont capables de dire ce qu'il veut faire
Et il ne montre jamais ses sentiments,
Source : Destination anglais

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