mercredi 16 mars 2011

Kodo Sawaki


Kodo Sawaki (1880-1965), surnommé « Kodo le sans-demeure », voulut donner au zen un souffle nouveau en le sortant des temples figés dans le formalisme. Il critiquait sévèrement le professionnalisme des moines qui poursuivaient seulement une carrière religieuse, souvent de père en fils, où la certification est perçue comme un diplôme, perdant ainsi le sens véritable du zen.
Kodo Sawaki était suivi par de nombreux disciples autant laïcs que moines. Il était respecté et admiré dans tout le Japon pour sa vie simple et libre. Il enseignait lors des sesshin la pratique pure de shikantaza.
Quand Kodo eut cinq ans, sa mère mourut et, à l’âge de huit ans, il perdit son père. Il fut adopté par un ami de son oncle, un homme paresseux qui ne croyait qu’au tabac et au sexe. A l’âge de treize ans, Kodo dut travailler pour se nourrir et, dans un quartier louche, il devint guetteur à la solde de joueurs. Ayant assisté à la mort d’un vieil homme dans une maison close, il prit brutalement conscience de l’impermanence de la vie et du non-sens d’une telle mort.
Sans famille ni amis, sans argent, âgé de seize ans, il se rendit à pied au temple de Eihei-ji. Les moines, prenant Kodo pour un vagabond, refusèrent de le recevoir. Sans se décourager, il insista jusqu’à ce qu’on l’admît dans le temple. Chargé de piler le riz à la cuisine, comme le sixième patriarche Eno, Kodo demeura quelques années à Eihei-ji. Ce fut durant ses voyages ultérieurs qu’il rencontra Maître Koho, par qui il fut certifié.
Lorsque éclata la guerre sino-japonaise, il fut envoyé au front. Un jour, après avoir reçu une balle dans la bouche, il fut laissé pour mort et jeté dans un charnier. Sérieusement blessé et incapable de bouger, il resta plusieurs jours sous les corps en décomposition. Découvert, Kodo fut renvoyé au Japon comme blessé de guerre.
Ayant réalisé que la pratique de zazen avait pratiquement disparu du zen au Japon, déçu, il se retira dans un ermitage abandonné. Dormant peu, il passait ses jours et ses nuits à pratiquer zazen et à étudier le Shobogenzo de Maître Dogen.
Après quelques années de cette vie, suivi par quelques fervents disciples, parmi lesquels Taisen Deshimaru, il répandit son enseignement aux quatre coins du Japon, des grandes villes aux bourgades de pêcheurs, des universités aux prisons.
En 1965, sur son lit de mort, il remit à Taisen Deshimaru ses kesa et ses bols, et lui demanda de continuer son enseignement.
Source du texte : zen-nice


Bibliographie :
Le Chant de l'Eveil : Le Shodoka de Yoka Daishi commenté par un maitre zen (Kodo Sawaki). Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante.


Faire zazen calmement dans le dojo, éteindre toute pensée négative, cette joie est au-delà du paradis.
Le monde court après les profits sociaux, les honneurs, les beaux vêtements et le confort ; mais la satisfaction de ces plaisirs passagers n'est pas la vraie paix. Vous courrez et demeurerez insatisfaits jusqu'à la mort !
S'asseoir dans le dojo et pratiquer zazen, se concentrer d'un seul esprit, qu'il s'immobilise parfois ou que d'autres fois il bouge : voir de nos yeux de profonde sagesse intérieure ; pouvoir observer et reconnaître d'un esprit parfaitement tranquille. Si vous êtes ainsi, votre dimension spirituelle, la plus élevée en ce monde, ne pourra être comparée à aucune autre.

Source du texte : zen-lyon


"Si vous avez des questions que vous ne pouvez résoudre, il faut en débattre aussitôt », a dit Yoka (Daishi). Il ajoute : « L’humble moine de la montagne que je suis n’a pas de point de vue personnel. » La doctrine qu’il exprime se situe au-delà de lui-même et de son point de vue. Il l’a expérimentée et il sait qu’elle est bonne.
Dans notre langage actuel, la doctrine parfaite que professe Yoka pourrait être qualifiée de « globaliste ». En effet, elle réunit en un tout l’enfer et le Bouddha, englobe d’un seul regard l’univers entier et découvre le satori en contemplant les illusions. Toutefois, si cette doctrine parfaite n’est pas authentique, il est à craindre que notre pratique ne tombe dans l’ornière du nihilisme et de l’éternalisme. Dans le bouddhisme, toute assertion, positive ou négative est une illusion.

La position nihiliste est celle de l’esprit simpliste qui limite sa pensée à l’impermanence des chose : hier n’est pas aujourd’hui et aujourd’hui n’est pas demain. Hier, j’ai volé, mais étant donné que tous les phénomènes sont éphémères, aujourd’hui, logiquement, je ne suis plus un voleur. Il y a ainsi des gens qui font table rase de tout leur passé au nom de l’impermanence.
La position éternaliste considère exclusivement l’évidence de la chaîne de causalité. Elle se transmet de parent à enfant et se prolonge sans discontinuer. C’est-à-dire que je suis né Sawaki et que je resterai toujours Sawaki. Mais cet enfant qui a hérité d’un riche patrimoine a-t-il profité des dons qu’il a reçus à la naissance ? Il était toujours le premier de sa classe à l’école primaire et regardez-le maintenant à cinquante ans : il a le nez rouge et le visage bouffi et gras d’un ivrogne.

Il faut s’éloigner de toute position extrémiste. C’est le sens que je donne au terme « globaliste ». Ne pas se laisser emporter par le courant nihiliste ni par le courant éternaliste et considérer que nihilisme est éternalisme et éternalisme, nihilisme. La chaîne de causalité des phénomènes relève de l’impermanence de tous les phénomènes, et l’impermanence des phénomènes, parce qu’ils naissent et périssent d’instant en instant, est en soi une chaîne de causalité. Dans les sutra Shoman kyo, il est dit que l’impermanence des phénomènes est une vision négative et que la chaîne de causalité est une vision positive parce qu’elle conduit à une délivrance du cycle des renaissances dans le nirvana.

Ces deux positions extrêmes finalement se rejoignent quand, tout d’un coup, on les fourre dans le récipient appelé hishiryo. Le propre d’une doctrine globaliste est d’embrasser les grandes contradictions et de concilier les extrêmes. Tel est l’enseignement parfait. Ajoutons qu’il se situe au-delà des concepts illusoires. Cela ne signifie aps que l’on devient soudain un ballon qui s’envole dans les cieux et que l’on ne souvient plus de rien, mais au contraire que la doctrine est devenue notre moi, notre état d’être, que notre conscience est hishiryo et que nous sommes sans pensées trompeuses. Cette doctrine qui embrasse toute chose doit pénétrer nos entrailles, jusqu’au tréfonds de nous-mêmes, sinon, il est à craindre que notre pratique ne tombe dans l’ornière du nihilisme et de l’éternalisme.

Extrait de : Le Chant de l'Eveil
Source du texte :Buddhaline

Autres extraits : Zen-Deshimaru
Interview en japonais : youtube



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