mardi 20 décembre 2011

Seraphin ou Serafim de Sarov


Saint russe de la première moitié du XIXe siècle (1759-1833), véritable icône de la spiritualité orthodoxe. Né à Koursk dans une famille de marchands, Prokhore Mochine entre à dix-neuf ans au monastère de Sarov. Il y reçoit le nom de Séraphin (« de feu »). En 1794, il se retire en ermite dans la forêt, s'enferme dans le silence, renouvelle un temps l'exploit des stylites. À partir de 1825, revenu à Sarov, il ouvre à tous la porte de sa cellule et devient le type même du starets, le saint vieillard, doué du discernement des esprits. Pour lui, le visible s'ouvre sur le Royaume ; la Mère de Dieu et les apôtres Pierre et Jean le visitent et le consacrent « homme apostolique ». En prévision d'une grande épreuve, il tente d'annoncer et de préparer chez quelques-uns — amis laïcs, moniales du couvent fondé par lui à Divéiévo — une spiritualité de transfiguration dans l'Esprit saint : transfiguration aussi du corps, de la culture, de la condition laïque. En novembre 1831, il fait à son jeune disciple Motovilov des « révélations » décisives sur la vie chrétienne comme « acquisition de l'Esprit » : non seulement l'Esprit lui parle mais il se manifeste à lui dans une plénitude lumineuse à laquelle il le fait participer. Publiées en 1901, ces révélations ont puissamment contribué au renouveau du témoignage orthodoxe à l'époque contemporaine.
Source du texte : Universalis
Autres biographies : Wikipedia / Eglise OrthodoxeOrthodoxie / Marie de Nazareth


Bibliographie :
- Entretien avec Motovilov (1831), in Irina Gorainoff, Seraphim de Sarov, sa vie (1973), DDB éd., p. 153-185.

- Entretien avec Motovilov, trad. Mme Mouraviev, Ed. Arfuyen, 2002. 
- Instructions spirituelles (1837), in Irina Gorainoff, Seraphim de Sarov, sa vie (1973), DDB éd., p. 189-214.

- Instructions spirituelles, Ed. du Désert, 2008. 
Extrait de l'Entretien avec Motovilov, trad. Vladimir Lossky, dans : Vladimir Lossky, Essai sur la théologie mystique de l'Eglise d'Orient, Ed. Cerf, 1990.
En ligne :
- Entretiens avec Motovilov, trad. Mme Mouraviev sur : Livres-mystiques


Entretien avec Molovilov (extrait) :
Je ne comprends pas, tout de même, comment on peut avoir la certitude d’être dans l’Esprit de Dieu. Comment pourrai-je reconnaître en moi-même, d’une façon sûre, sa manifestation ?
- Je vous ai déjà dit, fit le Père Séraphin, que c’est bien simple. Je vous ai longuement parlé de l’état dans lequel se trouvent ceux qui sont dans l’Esprit de Dieu ; je vous ai expliqué aussi comment il faut reconnaître sa présence en nous… Que vous faut-il donc encore, mon ami ?
- Il faut que je comprenne mieux tout ce que vous m’avez dit.
- Mon ami, nous sommes tous deux en ce moment dans l’Esprit de Dieu… Pourquoi ne voulez-vous pas me regarder ?
- Je ne peux pas vous regarder, mon Père, répondis-je, vos yeux projettent des éclairs ; votre visage est devenu plus éblouissant que le soleil et j’ai mal aux yeux en vous regardant.
- Ne craignez rien, dit-il, en ce moment, vous êtes devenu aussi clair que moi. Vous êtes aussi à présent dans la plénitude de l’Esprit de Dieu ; autrement, vous ne pourriez me voir tel que vous me voyez.
Et, penché vers moi, il me dit tout bas à l’oreille :
- Rendez donc grâce au Seigneur Dieu pour sa bonté infinie envers nous. Comme vous l’avez remarqué, je n’ai même pas fait le signe de croix ; il a suffi seulement que j’eusse prié Dieu en pensée, dans mon cœur, disant intérieurement : Seigneur, rends-le digne de voir clairement de ses yeux corporels cette descente de ton Esprit, dont Tu favorises tes serviteurs, lorsque Tu daignes leur apparaître dans la Lumière magnifique de Ta Gloire. Et, comme vous le voyez, mon ami, le Seigneur exauça immédiatement cette prière de l’humble Séraphin…Combien devons-nous être reconnaissants à Dieu pour ce don ineffable accordé à nous deux ! Mêmes les Pères du désert n’ont pas toujours eu de telles manifestations de sa bonté. C’est que la Grâce de Dieu, telle une mère pleine de tendresse envers ses enfants, daigna consoler votre cœur meurtri, par l’intercession de la Mère de Dieu Elle-même… Pourquoi donc, mon ami, ne voulez-vous pas me regarder droit en face ? Regardez franchement, sans crainte : le Seigneur est avec nous.
Encouragé par ces paroles, je regardai et fus saisi d’une frayeur pieuse. Imaginez-vous au milieu du soleil, dans l’éclat de ses rayons éblouissants de midi, la face de l’homme qui vous parle. Vous voyez le mouvement de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, vous sentez ses mains qui vous tiennent par les épaules, mais vous ne voyez ni ces mains ni le corps de votre interlocuteur – rien que la lumière resplendissante qui se propage loin, à quelques toises à l’entour, éclairant par son éclat le pré couvert de neige et les flocons blancs qui ne cessent de tomber…
- Qu'est-ce que vous ressentez ?... me demanda le Père Séraphin.
- Un bien être infini, dis-je.
- Mais quel genre de bien-être ? En quoi précisément ?
- Je sens, répondis-je, une telle tranquillité, une telle paix dans mon âme, que je ne trouve pas de paroles pour l'exprimer.
- C'est, mon ami, la paix dont parlais le Seigneur, lorsqu'Il dit à ses disciples : je vous donne ma paix; la paix que le monde ne peut pas donner..., la paix qui surpasse toute intelligence.
Que sentez-vous encore ?
- Une joie infinie dans mon coeur.
Et le Père Séraphin continua :
- Quand l'Esprit de Dieu descend sur l'homme et l'enveloppe dans la plénitude de sa présence, alors l'âme déborde d'une joie indicible, car l'Esprit-Saint remplit de joie toute les choses auxquelles Il touche... Si les prémisses de la joie future remplissent déjà notre âme d'une telle douceur, d'une telle allégresse, que dirons-nous de la joie qui attend dans le Royaume céleste tous ceux qui pleurent ici, sur la terre ? Vous aussi, mon ami, vous avez assez pleuré au cours de votre vie terrestre, mais voyez la joie que le Seigneur vous envoie pour vous consoler dès ici-bas. A présent, il faut travailler, faire des efforts continuels, acquérir des forces de plus en plus grandes pour atteindre à la mesure parfaite de la stature du Christ...
Alors, cette joie que nous ressentons en ce moment, partielle et brève, apparaîtra dans toute sa plénitude, en comblant notre être de délices ineffables que personne ne pourra nous ravir. (...)
Extrait de : Essai sur la théologie mystique de l'Eglise d'Orient
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Source (partielle) du texte : Orthodoxa
Texte entier (autre traduction) : Livres-mystiques
Autres extraits : Pages OrthodoxesEglise-Orthodoxe /


De la prière
Ceux qui ont décidé de vraiment servir Dieu doivent s'exercer a garder constamment son souvenir dans leur coeur et à prier incessamment Jésus Christ, répétant intérieurement : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur... En agissant ainsi, et en se préservant des distractions, tout en gardant sa conscience en paix, on peut s'approcher de Dieu et s'unir à lui. Car, dit saint Isaac le Syrien, à part la prière ininterrompue, il n'y a pas d'autre moyen de s'approcher de Dieu (Homélie 69). (...)
Lorsque l'intelligence et le coeur sont unis dans la prière et que l'âme n'est troublée par rien, alors le coeur s'emplit de chaleur spirituelle, et la lumière du Christ inonde de paix et de joie tout l'homme intérieur.

De la lumière du Christ
Afin de recevoir dans son coeur la lumière du Christ il faut, autant que possible, se détacher de tous les objets visibles. Ayant au préalable purifié l'âme par la contrition et les bonnes oeuvres, ayant, pleins de foi au Christ crucifié, fermé nos yeux de chair, plongeons notre esprit dans le coeur pour clamer le Nom de notre Seigneur Jésus Christ ; alors, dans la mesure de son assiduité et de sa ferveur envers le Bien-Aimé, l'homme trouve dans le Nom invoqué consolation et douceur, ce qui l'incite à chercher une connaissance plus haute.
Quand par de tels exercices l'esprit s'est enraciné dans le coeur, alors la lumière de Christ vient briller à l'intérieur, illuminant l'âme de sa divine clarté, comme le dit le prophète Malachie : " Mais pour vous qui craignez son Nom, le soleil de justice brillera, avec le salut dans ses rayons " (Ml 3, 20). Cette lumière est aussi la vie, d'après la parole de l'Evangile : " De tout être il était la vie, et la vie était la lumière des hommes " (Jn 1, 4).
Quand l'homme contemple au-dedans de lui cette lumière éternelle, il oublie tout ce qui est charnel, s'oublie lui-même et voudrait se cacher au plus profond de la terre afin de ne pas être privé de ce bien unique - Dieu. 

Extrait des : Instructions spirituelles
Source du texte : Pages Orthodoxes






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