dimanche 2 juin 2013

Pierre-Yves Albrecht


Pierre-Yves Albrecht est philosophe de formation. Devenu éducateur et confronté à la toxicomanie, il a élaboré une thérapie originale qu’il utilise depuis vingt ans avec succès aux Foyers des Rives du Rhône. Le recours aux drogues, estime-t-il, est recherche d’ivresse, tentative d’échapper au monde profane, de pénétrer, mais par effraction, dans ce monde intérieur évoqué par toutes les traditions et auquel l’homme appartient. La porte d’accès véritable est celle de l’initiation, rite de passage qui ouvre progressivement sur
l’invisible, mais aussi approche stratégique de cette ivresse chassée de notre espace culturel.
Ce processus initiatique, disparu de nos sociétés occidentales, qui permet une harmonisation progressive du corps, du cœur et de l’esprit, il le propose aussi à tout individu en quête de liberté. Pour développer la conscience et, à travers l’expérience où l’on est confronté à soi-même, entrer dans une voie d’évolution et
gravir les degrés successifs de l’être.
Source (et suite) du texte : Terre du Ciel
Site : Les rives du Rhône / Académie Aurore


Bibliographie :
- Entrons dans la transe, Ed. Véga, 2012
- Transe et prodiges, thèse de doctorat, 2007
- Au coeur des Zaouias, Ed. Presse de la renaissance, 2004
- Le courage de se vaincre, Ed. du Relié, 2002
- 40 jours au désert, Ed. Saint Augustin, 1999
- Le devoir d'ivresse, Ed. Georg, 1998
- L'archer blanc, De la dépendance à l'initiation, avec Jean Zermatten, Ed. Ketty et Alexandre, 1994
En collaboration avec Annick de Souzenelle :
- L'initiation, Ed. du Relié, 2012
- Cheminer avec l'ange, Ed. du Relié, 2011
En ligne :
Article :
- L'engagement comme initiation : Clé
- Trouver la bonne ivresse : Terre du Ciel


Vers quoi tendrait, alors, la bonne ivresse ?
Il faut bien entendre ce que je dis à propos de l’ivresse. Quand je parle de restaurer l’ivresse initiatique, je dis qu’il faut restaurer ces formes de connaissance que je viens d’évoquer, qui permettent une nouvelle manière de percevoir le réel. Le rationalisme un peu glacial qui a pesé sur notre système culturel est à l’origine d’une perception carrée et quadrillée. Ce rationalisme n’a pas la capacité de nous faire entrer dans des dimensions beaucoup plus savoureuses, ce qui est le but de l’ivresse, qui n’est pas là pour nous faire simplement plaisir d’une manière hédoniste. Le but de l’ivresse, c’est de nous permettre d’entrer dans ces dimensions où nous pouvons rencontrer notre Ange-Esprit, dimension que nous ne trouverons jamais avec la raison. On nous dit actuellement : il faut retrouver des valeurs, du sens et nous bâtissons des théories à ce sujet. Mais une théorie n’apporte jamais le sens parce que le sens doit être goûté. Le sens est un goût : pour goûter, il faut être dans l’expérience.  C’est le rôle des thérapeutes de provoquer ces états, mais sans substance. L’héroïnomane, par exemple, éprouve abruptement, dans le flash, l’expérience du mystique. Pendant un court instant, il goûte à l’ineffable paix que lui procure l’héroïne. Le sens est alors présent, il le goûte, et celui-ci imprègne toute sa réalité. Le réveil est une catastrophe parce que le processus d’ivresse s’est effectué artificiellement, sans ascèse et sans orientation. Mais lui supprimer l’héroïne sans lui donner les moyens de vivre autrement cette expérience de la sainteté qu’il a éprouvée et qu’il n’oubliera plus, ne résout rien. Chacun détient sa propre forme d’ivresse. Chaque ivresse touche un secteur de l’âme qui doit se réaliser dans une action spécifique. Chacun doit trouver la tonalité de son âme : quelle est la nature de son âme, où et comment la réaliser. Je pense que chacun a un archétype – certains parlent d’ange –, que cet archétype est réalisé en lui mais pas encore pour lui. Il est là en idéal et la personne est en marche vers son idéal, franchissant des étapes, sans jamais savoir si cet idéal est atteint – plénitude à reconstruire bribe par bribe à la mesure des instruments et capacités personnels. Tant que l’unicité (pour reprendre une formulation soufie) n’est pas réalisée, que nous ne sommes pas rentré en Lui, devenu Lui, tant que notre corps n’a pas rejoint le Tout, je pense que c’est la destinée de l’homme de ressentir le manque de son archétype vers lequel il se dirige.

Extrait de : Entretien, Trouver la bonne ivresse
Source :  Terre du Ciel



Initiation et rites de passage (2011)
 

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