mercredi 16 octobre 2013

François Matton

François Matton est né à Paris en mars 1969. Enfance heureuse et insouciante perturbée par de violentes crises d'asthme. Bon élève dès la maternelle (bien qu'un peu effacé), il le restera jusqu'à la fin de ses études aux Beaux-Arts de Reims et de Nantes.
Vivant de peu, se contentant d'un rien, son existence frappe par son absence totale de faits remarquables : aucun voyage à l'étranger, aucune aventure amoureuse, aucune rencontre fondatrice, aucune ambition sociale, nulle tentative de sortir de l'ordinaire.
Il passe beaucoup de temps dans les bibliothèques municipales à feuilleter tout ce qui lui tombe sous les yeux : de vieux romans jaunis, des guides de voyage aux quatre coins du monde, des récits d'aventures exaltés, des bandes dessinées écornées, des ouvrages mystiques, des livres de recettes.
Mis à part de fréquentes promenades non loin de chez lui, son unique plaisir consiste à rester seul dans son appartement à ne rien faire. Il a d'ailleurs pour cela une disposition qui, pour le coup, semble exceptionnelle. C'est un peu comme si ne rien faire coïncidait chez lui avec le plus grand sentiment d'être. Être quoi ? Essentiellement rien ? et c'est de cela qu'il semble tirer sa joie.
La conscience de n'être rien l'amènerait au cœur du monde. N'étant rien, il prétend se faire espace d'accueil pour tout. Et c'est précisément cette ouverture qui le pousse à dessiner ce qu'il appelle « les infinies manifestations du même ».
Il voit dans sa pratique du dessin, qu'il lie à l'écriture, une façon de célébrer tout ce qu'il perçoit : le plus proche comme le plus lointain, le plus trivial comme le plus noble, le plus grave comme le plus léger. Tout vient se placer sur sa feuille sans aucune hiérarchie. Tous les registres se mêlent indifféremment, ce qui donne lieu à de curieuses rencontres.
C'est là que commence et finit la seule curiosité d'une existence des plus effacées.
Source (et suite) et suite du texte : François Matton 
Autre biographie : wikipedia


Bibliographie :
- Lignes de fuite, Éd. Dumerchez, 1999
- J'ai tout mon temps, P.O.L, 2004
- Comment j'ai cassé mes jouets, Petit POL, 2005
- Crabe sur son île, Petit POL, 2006
- De pièces en pièces, P.O.L, 2007
- Sous tes yeux, P.O.L., 2008
- Autant la mer, P.O.L, 2009
- Une petite forme (avec Didier da Silva), P.O.L, 2010
- Magic tour (avec Suzanne Doppelt), Éd.de l'Attente, 2012
- Dictionnerfs (avec Mathieu Potte-Bonneville), Le Bleu du ciel, 2012
- 220 satoris mortels, P.O.L, 2013
Site officiel : Olivier Matton
Blog : Olivier Matton


Satori ?
Vous êtes là, comme à l’ordinaire, affairé, dans le garage, dans la cour, chez la voisine, au deuxième, au coin de la rue, sous la douche, dans votre lit, au bureau, appliqué, consciencieux, concentré, ou bien distrait, fatigué, énervé, agité, pressé, tendu, pestant, bâclant, tâchant d’écouter, rêvassant, ne mâchant pas assez, vissant mal, vous acharnant, pressant le pas, flânant, caressant à la dérobée ; bref, vous vivez comme d’habitude, en vous efforçant de suivre du mieux possible le cours sinueux de l’existence, tâchant de vous y faire, de vous faire une raison, et vous avez bien raison étant donné que ça se poursuivra vraisemblablement toujours à ce rythme impossible, il faut bien l’accepter, oui, et vous l’acceptez par la force des choses, bravo, sans réellement l’avoir accepté, dommage, puisque ça marche comme ça, suffit de laisser filer, ce que vous faites très bien, vous laissant entraîner tant bien que mal, c’est la vie, pas le choix, advienne que pourra - enfin, vous connaissez le tableau. Bien.
Et puis voilà que soudain, au moment où vous vous y attendiez le moins, tout s’interrompt, pof. Arrêt sur image, pause, stop. Vous basculez étrangement, vous vacillez. Vous ne sauriez dire ce qui arrive, mais vous… mais je… mais enfin… oh…c’est… tellement… tellement…
C’est un satori.
Une suspension du cours des choses. Une suspension du sens de tout. Vertige. Une perte de soi pour une présence de tout. Parce que visiblement le monde est encore là, lui, très proche, plus sensible que jamais. De fait vous ne l’aviez jamais si bien vu que sous ce jour vif. Pour un peu vous en mangeriez. Si vous aviez faim. Mais de faim comme du reste vous n’avez plus. Plus envie de rien. Ça va aller comme ça, merci, sans façon, c’est parfait, tout va bien, tout…
Bref, vous n’y comprenez rien.
Source (et autres extraits) : flipbook
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Pas la peine de crier de Marie Richeux
Le "Style" (2/5) : Dessin stylé avec François Matton (15.10.2013)  - à partir de 18:50



220 satoris mortels, présentation

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