mardi 26 novembre 2013

Nishida Kitarô


Kitarō Nishida (1870-1945) est un philosophe japonais, fondateur de l'École de Kyōto, une école philosophique japonaise, qui a cherché à marier la philosophie occidentale avec la spiritualité issue des traditions extrême-orientales. Il introduisit la phénoménologie de Husserl au Japon. Ses disciples directs sont Hajime Tanabe et Keiji Nishitani. (...)
Le zen, qu'il pratiqua intensivement, eut une influence considérable sur sa pensée. Daisetz Teitaro Suzuki fut un ami de Nishida.
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie :
- L’éveil à soi, trad. Jacynthe Tremblay, Ed. CNRS, 2004.
Etudes de Jacynthe Tremblay aux Ed. L'Harmattan, 2007 :
- Introduction à la philosophie de Nishida
- Auto-éveil et temporalité : Les défis posés par la philosophie de Nishida,
- L'être-soi et l'être-ensemble : L'auto-éveil comme méthode philosophique chez Nishida
En ligne :
Interview de Jacynthe Tremblay : Japon on-line
Michel Dalissier, Nishida Kitaro : le philosophe, sa pensée et ses enjeux : Réseau-Asie
Britta Stadelmann Boutry, La création artistique chez Nishida Kitarô (1870-1945) à travers ses lectures de Fiedler et de Kant dans son texte Art et morale de 1923. Thèse de doctorat. Genève, 2002 : Rero


Le temps est communément considéré comme un courant infini progressant du passé au futur. Il n'est toutefois pas possible, à l'aide d'une telle conception, de penser le véritable présent. En plus, un temps dépourvu de présent ne serait qu'un temps imaginaire. Le temps peut être pensé à partir du fait que le présent s'auto-détermine. Que le présent s'auto-détermine désigne l'auto-détermination de ce qui est dépourvu de déterminant, l'auto-détermination du néant. Il ne doit rien y avoir derrière le présent. Ce dernier ne serait plus le présent s'il se trouvait quelque chose qui le déterminait. (p.56)

L'amour ne consiste pas dans la satisfaction des désirs mais doit désigner cette détermination de l'amour absolu. Dans l'amour de soi aussi nous aimons ce qui s'auto-détermine comme néant. De même que Dieu a créé l'humain à son image, celui qui s'aime soi-même est déterminé par l'auto-détermination de l'amour absolu dans laquelle il se trouve. L'amour absolu est considéré comme le maintenant éternel dans lequel sont déterminés des temps innombrables. Il est considéré comme un espace qui englobe le temps et le fait s'établir. (p.57)

Pour penser l'unité de la conscience de notre soi personnel, il faut supposer une profondeur infinie au fond de la conscience présente elle-même. Il doit s'y trouver une chose qui ne peut absolument pas être exprimée. Elle doit néanmoins s'exprimer elle-même absolument. En plus, elle doit arriver, en niant la conscience présente, à passer à la conscience présente suivante. Autrement dit elle doit contenir au fond de soi, l'autre absolu. L'autre absolu doit se trouver au fond de cette détermination. (p.129)

L'éveil à soi du soi individuel du "je" se constitue du fait que le "je" d'aujourd'hui voit le "je" d'hier comme un "tu", et que le "je" d'hier voit le "je" d'aujourd'hui comme un "tu". Notre éveil à soi individuel s'établit à titre de continuité de la discontinuité. Chacun de ses degrés doit toucher au néant absolu. A sa racine doit toujours se trouver le "tu". Notre détermination de l'éveil à soi se constitue au sens où le temps, l'auto-détermination du maintenant éternel, passe d'un instant à l'autre. (p.137)

L'instant doit être considéré comme un point du temps linéaire. Mais de même que Platon avait déjà posé que l'instant se trouve hors du temps [dans le dialogue du Parménide], le temps s'établit comme continuité de la discontinuité. On peut dire qu'il s'établit comme une auto-identité contradictoire entre le multiple et l'un. Le présent concret est la coexistence d'instants innombrables, il est l'un du multiple. Il est l'espace du temps. Là, les instants du temps sont niés. Cependant, l'un qui nie le multiple doit être lui-même une contradiction. Le fait que les instants soient niés signifient que le temps disparaît, cela signifie que le présent disparaît. (p.146/7)

Descartes parvint à la conclusion suivante : la proposition "je suis, j'existe", résultat obtenu par différent moyens, "est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit". Ce qui doute est le soi, même si on s'efforce de le mettre en doute. Le connaissant et le connu sont un. Cela est évident. (p.193)

Ce qui est pensé et ce qui pense doivent s'opposer et doivent être au même niveau dans la forme de l'éveil à soi, où le soi se pense soi-même et où sont un ce qui pense et ce qui est pensé. (p. 194)

La manière d'être du soi auto-éveillé suppose que le multiple est à titre de multiple nécessairement négation de l'un, et que l'un est à titre d'un nécessairement négation du multiple. On ne peut l'appeler ni "un du multiple", ni "multiple de l'un". Auto-identité contradictoire entre le multiple individuel et l'un total, on doit la qualifier d'"être comme basho [lieu]". (p.194)

L'"auto-identité comme basho" et l'"être comme basho" doivent donc signifier que le basho s'auto-détermine de manière telle que ce qui est immanent est transcendant et que ce qui est transcendant est immanent. L'un n'est pas l'être, le multiple n'est pas l'être. J'affirme donc qu'ils sont les auto-déterminations du néant. Le néant n'est pas simplement le néant. Le véritable néant est auto-identité contradictoire. Chaque élément du multiple est en tant qu'individuel négation de l'un, tandis que l'un est en tant que total négation du multiple. (p.195)

Il existe différentes manières de désigner l'expression, prise comme auto-identité contradictoire. Séparé de l'auto-expression, le monde n'a pas de réalité. Il est préférable de dire que le monde s'exprime en soi. Au sein de l'être comme basho, donc, les phénomènes sont/ne sont pas la réalité, les apparences sont/ne sont pas le vrai, et le vrai est/n'est pas les apparences. (p.195)

Quelle est la forme de la logique du basho ? Elle consiste en ceci que l'individuel, à la fois, exprime absolument la totalité et devient, de l'auto-expression de la totalité, un centre de perspectivité. Autrement dit, la forme de la logique du basho est la forme de l'auto-identité contradictoire. Notre monde est créateur étant donné que chaque fait est un fait absolu s'auto-déterminant. Cela signifie que chaque fait s'établit moyennant la négation de l'ensemble du monde. (p.235)
Extrait de : L'éveil à soi
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Les Nouveaux chemins de la connaissance par Adèle Van Reeth
Philosophie japonaise : L'Ecole de Kyoto avec Yasuhiko Sugimara et Michel Dalissier (15.11.2013)

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