lundi 20 juillet 2015

Payer une dette en livre de chair

Quelle est la différence entre une banque grecque ouverte et une fermée ? 5 euros.
Les grecs qui ne pouvaient retirer que 60 euros par jour peuvent maintenant en retirer 65 (ou 455 pour la semaine). En bonus la TVA augmente de 10 points !
Tout est rentré dans l'ordre la Grèce va pouvoir recevoir de l'argent de la BCE et du FMI pour rembourser ses dettes auprès de... la BCE et du FMI ! Et la Grèce est remise sous tutelle (la Troïka est attendue pour la fin de la semaine), même programme, suite des austérités (paupérisation) et privatisations (pillage des biens communs).
Voir l'article : Ouverture des banques et hausse de la TVA en Grèce (7 sur 7)

Non seulement la dette grecque (comme beaucoup d'autres) est en grande partie illégitime, au regard du droit international, mais aussi son recouvrement obligé et meurtrier (article ci-dessous).
Voir aussi les pages : Puissante et incontrôlée, la Troika (documentaire Arte) / Extractivisme et dette (explication claire du mécanisme de la dette, France Culture)


Grèce: Et si on n'avait rien compris à la dette ?
Par Pierre Crétois, le 19 juillet 2015 - Slate

Peinture de Domenico Fetti (c. 1620) montrant un homme 
agressant un de ses compagnons qui lui devait de l'argent.

Tout le monde part du principe que la Grèce, débitrice, est responsable du remboursement. Mais le créancier est lui aussi responsable de la dette. Petit rappel philosophique de ce qu'est une dette, de ses enjeux et de sa violence.

La question de la dette, qui fait la une de la presse depuis des mois, ne se résume pas à une question morale, encore moins juridique, comme elle y a pourtant été souvent réduite. La dette, c'est aussi une question politique et philosophique plus large, qui engage la connexion fondamentale de l’intérêt des débiteurs et des créanciers. De cela dépend sa nature: instrument de guerre larvé et de domination ou instrument de paix et d’équité.

Payer une dette en livre de chair

Si vous demandez à un juriste ce qu’est la dette, il vous répondra certainement qu’une dette est l’effet d’un contrat qui oblige le débiteur à rembourser son créancier selon les conditions fixées. Si cette obligation n’est pas exécutée, il peut y avoir des mesures de contrainte. C’est, globalement, l’approche des Allemands à l’égard de la Grèce. Mais la question est de savoir jusqu’où la contrainte pour recouvrir une dette est légitime.

Dans d’autres temps et d’autres lieux, dans la Rome antique par exemple, on vous aurait demandé, en raison du nexum –forme de garantie–, de payer de votre personne pour compenser par votre travail ce que vous ne pouviez donner en argent (c'est ce que l'on appelait l'esclavage pour dette) ou même, dans Le Marchand de Venise de Shakespeare ou dans la mafia, on se serait payé en monnaie de sang et avec des livres de votre chair. La limite entre l’obligation juridique et le droit d’asservir ou de prendre possession d’une personne n’est jamais loin. Ce qui pose de nombreuses questions concernant la compatibilité entre les modes de recouvrement d’une créance et le respect de l’intégrité et de la dignité des personnes.

Une question de dignité

Le créancier n’a pas tous les droits pour recouvrer sa créance. Pourtant, une dette est toujours l'effet d’un consentement explicite du débiteur. Et, comme il l’a acceptée, il devrait l’assumer. Sauf que le débiteur a certes accepté de rendre ce qu'il devait, mais il ne s’est jamais engagé à donner sa personne et sa chair en cas de défaut.

La question que pose la dette est aussi la question des limites qui rendent compatible son remboursement avec des valeurs supérieures comme le respect de la vie et peut-être de la dignité humaine. La dette est, en effet, toujours un élément dans un système social plus vaste encadré par des valeurs susceptibles de mettre des limites aux dérives.

Mais accepter qu’un débiteur ne paie pas sa dette, n’est-ce pas la porte ouverte à tout ? En vérité, la possibilité exceptionnelle qu’une dette ne soit pas payée fait partie du mécanisme.

Non seulement les créanciers savaient qu’ils s’exposaient au défaut de leur débiteur, mais ils ont été rémunérés pour cela. 

Le créancier prend d’ailleurs toujours soin de se faire rémunérer ce risque. C’est pourquoi la Grèce a emprunté à des taux d’intérêts bien supérieurs à la France. Non seulement les créanciers savaient qu’ils s’exposaient au défaut de leur débiteur, mais ils ont été rémunérés pour cela. Autrement dit, la charge morale d’une dette pèse autant sur le créancier que sur le débiteur, l’un et l’autre doivent être bien conscients de leurs responsabilités quand ils s’engagent et assumer les conséquences d’un marché risqué.

Dans tous les cas, il vaut mieux minimiser les chances de défaut pour faire en sorte que le créancier puisse recouvrer sa créance sans mettre son débiteur dans une situation intenable. S’il est intelligent, le créancier doit d’ailleurs savoir qu’il a tout intérêt à réunir les conditions pour que son débiteur le rembourse à terme plutôt que d’exiger des conditions de remboursement irréalistes risquant de l’empêcher à tout jamais de retrouver son argent.

La dette adoucit les mœurs

La dette est la guerre de conquête continuée par d'autres moyens, pour plagier Clausewitz. On ne peut empêcher ni un homme, ni une communauté humaine de subsister. L’endettement dans ce cadre est un dispositif qui permet à une personne ou à un Etat qui n'en dispose pas, d'obtenir les ressources détenues par les autres sans user de la force mais par un contrat consenti entre les parties prenantes. Si l’on doit prendre possession des ressources qui sont à autrui, il vaut mieux que cela se fasse par le contrat que par la force et le vol.

Aussi, l’emprunt pacifique permet d’éviter qu’une guerre n’éclate pour l’obtention de ressources. C’est une idée que défendait déjà le philosophe Hobbes au XVIIe siècle: le contrat vient remplacer la force, le droit vient remplacer la guerre, le respect de l’intégrité des personnes et des biens, la lutte violente pour la survie et la dette, la conquête ou le vol. Substituer l’obligation à la force est sans doute un des premiers gestes de civilisateurs qui éloignent les sociétés de la violence primordiale. Montesquieu, philosophe des Lumières, parlait lui du «doux commerce», parce qu’il considérait, à raison, que le négoce, y compris celui de l’argent, adoucit les mœurs.

Mais l’obligation de payer sa dette n’abolit pas complètement la violence du mécanisme. L’écrivain de théâtre, Koltès, prévient: «Méfiez-vous du marchand: son discours a l’apparence du respect et de la douceur, l’apparence de l’humanité, l’apparence de l’amour, l’apparence seulement.»

Dette et violence

Beaucoup de philosophes ont été, à l’instar d’Aristote ou de Saint Thomas, méfiants envers le crédit et toute forme d’échange qui permet de gagner de l’argent à partir d’argent (qui fut carrément interdit au Moyen-Age). Ils voyaient bien, dans ces mécanismes, le risque de domination des riches envers les pauvres et les désordres qui pourraient s’ensuivre.

Pour Rousseau, philosophe genevois du XVIIIe siècle: dès que les hommes sont liés par leurs besoins dans des relations d’interdépendance et d’obligations économiques mutuelles, les plus faibles sont à la merci des plus puissants, les plus pauvres des plus riches. Et alors, les plus pauvres ne peuvent plus s’enfuir ni quitter la société comme durant l’état de nature où ils se suffisaient à eux-mêmes pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Ils sont, en effet, attachés par obligation et par intérêt à leurs créanciers.

On sait qu’à Rome, les dettes des plébéiens, citoyens les plus pauvres, à l’égard des patriciens, grands propriétaires issus des premières familles de Rome, devenues insoutenables, ont produit une guerre civile: les uns étant devenus esclaves des autres, il a bien fallu rétablir l’équilibre, abolir les dettes, introduire le tribunat pour protéger les intérêts des plus démunis.

Nous avons tous une dette envers le corps social

Menenius Agrippa, consul romain, dans la Fable des membres et de l'estomac utilise cette métaphore pour représenter la querelle entre patriciens et plébéiens dans la Rome antique. L’estomac ce sont les patriciens qui se gavent, les membres, ce sont les plébéiens qui le nourrissent. Dans une société tous ont besoin de tous: les patriciens des plébéiens, les enseignants des élèves, les patrons des employés, les créanciers des débiteurs…
Cette idée est reprise dans le Tiers Livre de l’écrivain de Touraine, Rabelais, où Panurge fait un éloge de la dette:

«Représentez-vous un monde autre, auquel un chacun prête, un chacun doive, tous soient débiteurs, tous soient prêteurs. Oh quelle harmonie sera parmi les réguliers mouvements des cieux».

Pour faire comprendre son idée, Rabelais utilise un argument par l’absurde: imaginez que, dans un corps, les pieds refusent de porter le corps, l’estomac refuse de nourrir les membres, le cœur refuse d’irriguer les canaux alors que chacun des organes dépend du corps tout entier et de sa santé pour vivre. Imaginez donc que chacun cesse de payer sa dette au reste du corps. Ce corps serait voué à la putréfaction et tous, croyant d’abord gagner un agréable repos dans l’immédiat, y perdraient à terme.

Le don et l’humanité ne sont jamais des pertes sèches

Cette idée est intéressante, elle indique que dans une société, nous occupons des places complémentaires, l’une ne pouvant exister sans l’autre. Pour penser la dette, il ne faut donc pas prendre le point de vue des organes individuellement qui chacun a intérêt à profiter de la vie de l'organisme sans en payer le prix, mais celui du corps tout entier. Chacun, s'il était raisonnable, devrait donc être incapable de penser son intérêt séparément de celui de l’ensemble auquel il appartient. Cela éviterait bien des dissensus.

Au-delà même du lien entre le débiteur et son créancier, il y a une dette plus fondamentale. Celle de chacun envers la société. Ce lien social est bien plus profond que les règles de justice stricte qui en émergent, qui façonnent et garantissent nos intérêts privés. C’est la raison pour laquelle on ne peut accepter, sans mettre en danger la sociabilité même, que les questions de justice stricte se substituent totalement à la préservation du lien de solidarité dans un cas où le recouvrement d’une créance engage la dignité, l’intégrité et la subsistance même d’un peuple ou d’une personne privée. Dans ce cas, c’est ce qu’écrivait Marcel Mauss dans son Essai sur le don: le don et l’humanité ne sont jamais des pertes sèches, mais ce sont des manières de s’inscrire dans et de fabriquer du lien social.

Source : Slate

* * *

Le choquant Rapport AIG de 2008 sur les véritables motifs derrière la « crise perpétuelle » de l’Europe et la mort de la Grèce 
Par Tyler Durden, le 15 juillet 2015 - Zerohedge,

“Hier, Richard Koo de Nomura a présenté l’une des meilleures évaluations de la situation en Grèce, quand il a déclaré que le « FMI commence lentement à comprendre l’économie grecque », ce qui explique son revirement stratégique, à propos de celle qui exige désormais des réductions de sa dette bien plus importantes que ce que l’Europe, et l’Allemagne tout particulièrement, sont prêts à concéder.

Koo note en outre que « la raison qui explique le plongeon du PIB de la Grèce provient de ce que la consolidation budgétaire a été réalisée en plein bilan de récession, résultant d’une spirale déflationniste destructive qui a complètement dévasté la vie des Grecs ordinaires. Alors même que la nation peut donner l’impression de faire des progrès si nous prenons en considération les données en pourcentage du PIB, les données brutes nous montrent à contrario une économie en plein effondrement. Cette différence de points de vue augmente encore davantage le fossé qui sépare les créanciers européens qui estimaient que  tout allait pour le mieux, et le citoyen grec, qui a souffert d’un grave déclin de son niveau de vie. Et cet important écart de perceptions n’a peut-être été nulle part aussi évident qu’à travers les résultats du référendum national du 5 Juillet ».

L’observation de cette destruction économique grecque est absolument exacte, et ce n’est pas une surprise pour nos lecteurs : Elle a constitué notre étude de cas non seulement pour la Grèce, mais également pour le reste des pays périphériques de l’Europe qui souffrent eux aussi d’une détérioration continue de leur niveau de vie, en raison de l’absence d’un rééquilibrage externe (Merci la monnaie commune) laissant la dévaluation interne (les salaires qui plongent, la déflation, l’effondrement économique) comme seule possibilité de pouvoir rester compétitif dans la zone €uro. Mais là où notre opinion diffère de celle de Koo, c’est bien au sujet des véritables «motifs» qui seraient derrière la réticence des créanciers à interpréter honnêtement la situation sur le terrain en Grèce.

Oui, il est tout à fait exact que ce sont les mêmes créanciers qui étaient les prochains bénéficiaires de quelque 90% des différentiels du produit de la dette financée pour entrer en Grèce (pas plus de 11% des € 220 milliards du sauvetage grec n’aurait vraiment bénéficié à la population globale), et qu’en conséquence, ils peuvent avoir eu l’impression que les Grecs ordinaires appréciaient aussi beaucoup les miettes de leur plan de sauvetage.

Ce ne fut pas vraiment le cas, comme les événements du 5 Juillet l’ont démontré.

Mais alors que l’ancien économiste de la FEDva sûrement attribuer cet «oubli» à de la simple négligence ou, au mieux, à de la bêtise, même si l’ensemble d’une nation de 11 millions d’habitants souffre comme jamais dans l’histoire en raison de ce qui est, au mieux, une expérience ratée, il pourrait y avoir une mystérieuse vérité beaucoup moins avouable derrière tous ces événements en Grèce au cours de ces 5 dernières années, en particulier compte tenu de la sinistre insistance de l’Allemagne pour refuser toute annulation des dettes grecques, malgré ce qui est maintenant devenu un fait admis que, sans une décote (haircut) majeur de sa dette,la Grèce n’est tout simplement pas viable.

Faisons connaissance avec Bernard Connolly.

Bernard est un économiste britannique dont la montée en puissance a commencé quand il a travaillé pendant de nombreuses années à la CommissionEuropéenneà Bruxelles, où il était Chef de l’unité responsable du Système monétaire européen et des politiques monétaires. En d’autres termes, si quelqu’un connaît particulièrement bien ce vers quoi l’ascension de l’€uro conduirait, c’est l’un des mieux placé.

Nous disons «éventuel», parce qu’il a été licencié par la Commission en 1995. Le catalyseur peut bien avoir été son livre « Le Cœur Pourri de l’Europe: la sale guerre pour l’argent de l’Europe, un traitement négatif du mécanisme de change européen », qui a fait que les €urocrates ne l’ont pas vraiment pris à la légère.

Cependant, Bernard est beaucoup plus intéressant, non pas pour ses livres, ni pour son emploi à Bruxelles, mais plutôt à cause de l’endroit où il est allé ensuite et ce qu’il y faisait.

Après que sa relation ait pris fin avec l’Europe, Bernard est entré à la Banque AIG, à la branche financière de l’infâme AIG basée à Paris, dont l’effondrement en même temps que celui de Lehman, a été le principal catalyseur de la grande crise financière. Bernard n’a cependant pas été dans le front office (salle des marchés) et n’a pas négocié de CDS, mais il en était le stratège mondial. Voici comment l’euroscepticisme a bien prospéré pour aboutir à un rapport le 30 mai 2008, juste quelques mois avant que les GSEs (NdT : Entreprises Financières d’État) et Lehman ne fassent faillite, et qu’AIG ne soit renfloué.

Le rapport a été intitulé « Europe – pilotée ou Poussée », et il aurait mieux valu qu’il devienne une lecture incontournable pour tout Grec (et Européen) il y a environ 7 ans puisque, non seulement il explique précisément pourquoi la Grèce est maintenant sur le point d’une véritable capitulation souveraine, et de l’effondrement total, mais en plus il présente TOUT ce qui pourrait constituer les véritables motifs derrière la crise perpétuelle de l’Europe et pourquoi il apparaît presque comme si les principaux pays européens n’exigent que des hommes malades en Europe, parce quela Grèce en est tout simplement le premier de la liste, demeurer et maintenir l’Europe dans un état d’agitation perpétuelle.

Et puisque ce rapport est tout aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était il y a 7 ans, nous exposons à nouveau certains de ses points clés.

Du 30 mai 2008
    La crise économique mondiale et la crise de l’UEM

-       La crise mondiale est le résultat d’une mauvaise allocation inter temporelle (Greenspan, UEM).

-       En effet, elle a constitué un jeu de Ponzi.mondial

-       En Europe, cela a été renforcé par le mythe que les « comptes courants ne comptent pas dans une union monétaire » : l’UEM est la plus grosse de toutes les bulles de crédit.

-       Le traité affirme que le gouvernement devrait avoir le même statut de crédit que des emprunteurs du secteur privé.

-       L’union monétaire signifie une plus grande instabilité économique.

-       Ces deux facteurs devraient présager d’une cote de crédit aggravée au sein de l’UEM, mais les spreads (ndt : écarts des taux) des obligations d’État ont effectivement diminué dans l’UEM et les agences de notation ont de ce fait sur noté les gouvernements

    Au moment où la bulle éclate …

-       L’éclatement d’une bulle de crédit dans le monde se traduit par l’effondrement de la demande intérieure dans les pays déficitaires (par exemple, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans les Balkans, dans les états Baltes – et dans plusieurs pays de la zone €uro)

-       Aux États-Unis, et dans une certaine mesure en Grande-Bretagne, la demande intérieure est soutenue par des baisses de taux et, en plus, aux États-Unis, par une relance budgétaire

-       Parmi les pays affectés de la zone €uro, ce n’est pas le cas

-       En l’absence de soutien de la demande intérieure, les pays touchés sont contraints à une amélioration de leurs exportations nettes par une meilleure compétitivité

-       Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, cela se passe à travers la dépréciation de la monnaie – dans la zone €uro, ce n’est pas possible.

[ZH: C’est maintenant le cas, mais pour la Grèce, c’est beaucoup trop tard, plus que tout « soutien » incrémentiel qui fait que la bulle de la dette européenne grossit de plus en plus, ainsi que nous l'avons récemment montré]

Et les mouvements implicites des taux de change réels deviennent considérables …
-       Obstfeld et Rogoff ont vu un besoin pour peut-être un véritable mouvement de 65% du taux de change pour les États-Unis si l’ajustement du compte courant se produisait brusquement (par exemple, après un effondrement de l’immobilier).
-       L’effet est linéaire dans la taille du déficit du compte courant par rapport à la taille du secteur des biens échangés, de sorte que pour les quatre grands pays déficitaires de la zone €uro nous obtenons les mouvements nécessaires du taux de change réel de la manière suivante :

Grèce: 94%
Espagne: 55%
Portugal 36%
Italie: 9%
France 15%

-       … Ce qui signifie d’énormes écarts d’inflation nécessaires entre les blocs au sein de la zone €uro
-       Sila BCEtente d’éviter la dépression dans le bloc en déficit (c.-à-d., qu’elle maintient son taux inflation à, disons, 3 %) et que les pays en déficit en tant que bloc (équivalent à environ 2/3 du PIB de la zone €uro) peuvent améliorer leur compétitivité de, disons, 30 %, sur une période de cinq ans, alors cela impliquerait une dépréciation de l’€uro de 50 % et (1/3 de relais dans le Bloc allemand IPC) une hausse de 17 % (près de 3½ % par an) du niveau de prix du Bloc allemand, amenant l’inflation du Bloc allemand aux environs de 6½ % pendant cinq ans.

La BCEne l’a pas fait. Elle a plutôt choisit ce qui suit, qui est aussi l’explication du chômage des jeunes dans la périphérie aux alentours de 50 %

-       Si, à la place,la BCEavait essayé de maintenir l’inflation à 2% dans la zone €uro (et sans aucun changement dans l’€uro), tous les changements de compétitivité seraient venus du Bloc latin en déflation – ce qui aurait presque certainement déclenché une horrible dépression, un chaos financier, la multiplication des défauts, la détresse sociale et une possible instabilité politique.
-       Mais cela signifierait une importante déflation de la zone €uro, et qui aussi, frapperait la cible de la zone €uro en déclenchant obligatoirement une sévère dépréciation de l’€uro et une augmentation notable de l’inflation du Bloc allemand.
-       Ce sont tous les calculs du premier tour – ils ne tiennent pas compte des spirales salaires-prix des économies en surchauffe dans le Bloc allemand.

Et on en arrive au moment où tout arrive à domicile en Grèce :

Les choses sont encore pires pour les pays individuels
-       -Sila BCEdécide d’éviter la dépression, la déflation et le défaut dans le pays le plus faible (la Grèce), la dépréciation nécessaire de l’€uro serait énorme et l’inflation du Bloc allemand serait bien dans à deux chiffres pendant plusieurs années.
-       Si les pays faibles ont, à titre individuel, peu d’influence politique, il sera particulièrement difficile pour eux d’obtenir un renflouement dela BCE grâce à des taux d’intérêt bas et à un €uro faible.
-       Mais s’il n’y a aucun sauvetage dela BCE, les économies vulnérables devront faire face à la catastrophe.

Ce n’est pas seulement la manière dont tout cela s’est joué, mais cela a aussi conduit – comme nous avons pu le voir – la Grèce, qui avait clairement « peu d’influence politique » – à tout perdre, et elle est maintenant sur le point d’abdiquer sa souveraineté à une oligarchie de bureaucrates politiques non élus et aux intérêts industriels allemands (souvenez-vous: les exportations allemandes représentent 40% du PIB et un €uro faible est de loin, et même de très loin, beaucoup plus favorable qu’un Deutschmark fort).

Et en plus, rétrospectivement, l’estimation ci-dessus et les événements actuels sont aussi confirmés par la déclaration cryptique de Wolfgang Schäuble au Welt am Sontag dans cette interview de 2011 :

-       Schäuble : « Nous avons décidé d’en arriver à une union politique via une union économique et monétaire Nous avions l’espoir – et nous l’avons encore aujourd’hui – que l’€uro pourrait progressivement amener une union politique, mais nous n’en sommes pas encore là, et voilà l’une des raisons pour lesquelles les marchés restent méfiants. »

-       Welt am Sontag : «Alors, est-ce que les marchés vont nous forcer maintenant à une union politique ? »

-       Schäuble : «La plupart des États membres ne sont pas encore tout à fait prêts à accepter les contraintes nécessaires pour leur souveraineté nationale. Mais croyez-moi, le problème peut être résolu. »

Et, merci la Grèce, nous sommes maintenant sur le point de voir précisément comment.

Donc, il y a une autre issue ? La réponse est oui – et c’est justement la base l’énorme pari sur la « théorie des jeux » de Varoufakis au cours des 6 derniers mois, un pari qui reposait en totalité sur « qui a le plus d’effet de levier », comme nous l’expliquions en Janvier. Cependant, merci à l’arrivée du QE juste au bon moment, qui a permis àla BCE de fixer et de contrôler les prix du marché (marché qui n’espérait que la réduction des résultats indésirables et plus simplement le frontrun d’une banque centrale) d’actions et d’obligations, dans le processus d’écrasement de tout effet de levier grec.

-       Les déficits courants peuvent être soldés sans une réduction correspondante du déficit du commerce si les transferts courants sont assez puissants.

-       Le traité interdit bien une prise de contrôle de la dette publique d’un pays, mais ne prohibe pas les transferts supplémentaires pour soutenir les dépenses privées.

-      La BCEest en effet déjà en train d’aider certains systèmes bancaires en acceptant des garanties de plus en plus risquées (mais notez que ceci peut constituer une aide aux banques allemandes, néerlandaises / belges ainsi que, par exemple, aux banques espagnoles – notez le désaccord public entre Mersch et Weber).

-       Mais les chiffres résultant d’un plan de sauvetage financier complet seraient énormes: l’élimination des déficits courants au sein de la zone €uro par les renflouements fiscaux obligerait les pays excédentaires (le Bloc allemand) à effectuer des paiements équivalents à 16% des recettes totales de leur gouvernement (7% de leur PIB).

Hé oui, Varoufakis avait raison, et il aura bien raison au final : le coût d’un Grexit se serait révélé beaucoup trop grand à l’avenir. Cependant, il n’avait pas anticipé que l’Europe disposait d’une toute aussi puissante parade : le blocage des dépôts grecs indéfiniment dès maintenant.

La Grèce s’est soumise.

Ce qui nous amène à la dernière question: Qu’est-ce que veut l’Europe ?

Voici la réponse de Connolly :

Pour se servir des enjeux mondiaux en tant qu’excuses pour étendre ses pouvoirs :

-       Questions environnementales : accroître le contrôle sur les pays membres – idée avancée de la gouvernance mondiale

-       Terrorisme : utiliser l’excuse pour un plus grand contrôle de la police et des problèmes judiciaires – accroître l’étendue de la surveillance

-       Crise financière mondiale : tuer deux oiseaux (marché libre et économie Anglo-saxonne) avec une seule pierre (Organisme de Régulation à l’échelle Européenne – les tentatives de la gouvernance financière mondiale)

-       UEM : créer une crise pour forcer l’introduction du « gouvernement économique européen »


Et nous y voilà : en quatre points simples, énoncés dans une ancienne présentation d’il y a 7 ans, une prédiction qui est sur le point d’être prouvée sans contestation. Parce qu’une fois la Grècesoumise, la prochaine sera l’Italie, l’Espagne, le Portugal, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le Gouvernement Économique Européen, également connu en tant qu’ «Empire Européen», soit contrôlé par une poignée de joueurs européens « nordiques » avec les banquiers qui les soutiennent financièrement, pour transformer sa simple vision en réalité.”

Source : Zero HedgeRapport AIG / Les Crises (trad.)

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