mardi 17 novembre 2015

L’heure du bilan a sonné



L’heure du bilan a sonné 
Par Jacques Sapir, le 17 novembre 2015 - Sputnik

Les attentats qui ont endeuillés Paris le vendredi 13 novembre nous horrifient et nous révoltent. Certes, ce n’est pas la première fois que Paris est ainsi ensanglanté. Le souvenir de la tragédie qui s’était déroulée à la rédaction de Charlie-Hebdo et au magasin Hyper-Casher est encore frais dans nos mémoires.

Cependant, les carnages de ce 13 novembre marquent un saut qualitatif dans l’horreur et l’abjection. Le temps du deuil et du recueillement dû aux victimes et à leurs proches s’impose. Le temps de la réflexion viendra ensuite, et il sera suivi par le temps de l’action. La sourde colère qui anime aujourd’hui le peuple français ne s’éteindra pas. Ce crime exige un châtiment. Cependant, cette colère pourrait aussi se dévoyer ou être manipulée. Encore une fois, oui, la réflexion s’impose.

Le Président de la République, M. François Hollande, a appelé à l’Union nationale. Il a été suivi en ce discours par le gouvernement et la quasi-totalité de la classe politique. Fort bien; mais cela ne doit pas nous empêcher de poser certaines questions. Car s’il entend jouer sur l’émotion pour fuir l’exigence légitime d’un bilan de ses actes, qu’il sache que cette Union nationale se déchirera alors rapidement.

Un bilan de la politique de sécurité

Il faut d’abord faire le bilan des actes de ces dernières années en matière de sécurité intérieure. Une priorité a été donnée aux moyens d’écoute et d’interception électronique, et ceci au détriment du renseignement humain. Or, la collecte des informations ne vaut que si l’on se donne les moyens de les exploiter et de les corréler.
 Il n’est pas sûr que même si un effort plus important avait été fait dans le domaine du renseignement humain, on aurait pu éviter la tragédie du 13 novembre. Il convient de savoir qu’en matière de renseignement il n’est jamais de certitudes à 100%. Cependant, le fait que l’on ait sacrifié l’humain à l’électronique a probablement été une erreur. Les moyens du Parquet anti-terroriste, le nombre et la formation des enquêteurs de terrain ont été insuffisants. De ce point de vue, la « loi sur les écoutes » qui a été votée ce printemps dans la foulée des attentats de janvier dernier a probablement été un pas dans la mauvaise direction. Il faut entendre ce qu’a dit, sur diverses antennes et dans divers médias, le juge Trevidic. Les moyens humains n’ont pas été développés à la mesure des moyens de collecte électronique, et ce déséquilibre a fragilisé l’ensemble de la structure de notre renseignement. Ceci peut être étendu à l’ensemble de notre effort de défense, comme l’indique le général Desportes. Sur ce dossier, il est clair que des réponses convaincantes devront être données par le gouvernement s’il veut espérer que se maintienne cette union nationale. Bien sûr, le présent gouvernement ne porte pas l’entière responsabilité de la situation. Les coupes drastiques ont commencé sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais le gouvernement est le gouvernement, et il assume, s’il n’a pu ou voulu les renier, les politiques de ses prédécesseurs.

Un bilan de la politique étrangère

Il faut, ensuite, tirer le bilan de notre politique extérieure. Elle a clairement failli. Non seulement la France est aujourd’hui largement isolée sur le dossier syrien, mais on voit que cet isolement a clairement compromis la sécurité des personnes sur le territoire. Il ne s’agit pas ici de chanter les louanges de Bachar El-Assad. Il est clair que le peuple syrien est fondé à lui reprocher bien des choses. Mais, la politique consiste à établir quel est le danger principal et quel est le danger secondaire. Très clairement, le danger principal était la montée en puissance du groupe dit « Etat islamique », appellation qui contient un double mensonge. Or, ce groupe résulte directement de l’intervention américaine en Irak. Il a été, par la suite, encouragé, armé et financé, soit par les Etats-Unis soit par leurs alliés, pour affaiblir le pouvoir qui se mettait en place à Bagdad, et qui donnait des signes d’indépendance vis-à-vis de Washington. Ici encore, il convient d’écouter les propos tenus par le Général Desportes lors de l’audition du 17 décembre 2014 devant la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Parlement français :

« Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences: ce sont les Etats-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs - dont certains s’affichent en amis de l’Occident - d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les Etats-Unis ».

 Il est donc clair qu’il faudra réviser la politique étrangère de la France d’urgence. Des voix nombreuses, tant à droite qu’à gauche, y appellent. Mais cette révision devra être cohérente avec nos intérêts. Il importe donc que l’on abandonne les tentatives d’isolement de la Russie, tentatives qui n’ont produit que des malheurs dans notre pays, que ces malheurs soient économiques comme ceux qui ont frappés nos agriculteurs, ou qu’ils concernent la sécurité du pays, comme nous avons pu le mesurer le 13 novembre. Le gouvernement devra donc rendre des comptes sur sa politique étrangère comme il le devra sur sa politique de sécurité intérieure.

Comment lutter contre la radicalisation ?

Au-delà, il est clair que les processus de radicalisation d’une petite fraction de notre jeunesse n’ont pas été abordés avec le sérieux et la cohérence nécessaires. Il est bien beau de parler de « dé-radicalisation », même s’il convient d’essayer de la faire. Mais il est toujours plus difficile et plus coûteux de « dé-radicaliser » quelqu’un que de prévenir sa radicalisation.

Empêcher la radicalisation de cette petite fraction de la jeunesse doit être un objectif commun à tous les Français. Il impose que l’on rappelle un certain nombre de principe. Et tout d’abord qu’il n’est pas de loi divine supérieure à la loi de la République dans le débat public. Si un individu veut se donner des principes plus contraignants que ce qu’exige de lui de la société, c’est son droit (dans les limites du Droit) et c’est son choix. Mais, il n’a pas à chercher à imposer ni à faire propagande de cela. Les différents lieux de culte, et ceux qui y prêchent, se doivent donc d’observer cette règle sous peine de fermeture et d’expulsion. C’est un principe fondamental de la laïcité. La religion appartient à l’espace privé et ne doit pas envahir l’espace public. Et ce principe est la condition de la concorde dans une société qui est hétérogène.

 Mais empêcher la radicalisation ne passera pas uniquement par ce type de mesure. Il importe de reconstruire un discours intégrateur qui permette à toute personne de participer de la France, de sa culture politique et des principes qui la fondent. Or, c’est là le point faible, on pourrait même dire le point d’inexistence, du gouvernement actuel, tout comme de ces prédécesseurs. Telle devrait pourtant être la tache de l’Education nationale. Que l’on se souvienne donc des vers de l’Affiche Rouge:

« Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
(…)Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant »

Mais il est vrai que pour s’intégrer, il faut avoir quelque chose à quoi s’intégrer. Il faudra donc revenir sur la politique menée depuis plus de vingt années qui a progressivement nié la souveraineté du pays. Alors que de manière visible les accords de Schengen sont moribonds, alors qu’en décidant de décréter l’état d’urgence, le Président de la République a fait un acte de souverain, c’est toute la politique de la construction européenne, de cette dangereuse folie qu’est l’Euro et des pouvoirs que s’arrogent désormais chaque mois les institutions européennes, qu’il faudra réviser au plus vite.La guerre civile peut encore être évitée. Mais cela exige de nos femmes et de nos hommes politiques le courage de reconnaître que, sur bien des points, ils ont erré et ils nous ont trompés.

Source : Sputniknews

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Le discours de Versailles
Par Jacques Sapir, le 17 novembre 2015 - RussEurope

Le discours prononcé par le Président de la République ce lundi 16 novembre devant le Parlement réunit en Congrès à Versailles est un discours important. Dans les circonstances tragiques que nous connaissons, François Hollande a cherché à se situer à la hauteur des événements, et tous les commentaires se rejoignent pour souligner la dignité de cette réunion. Mais, un discours ayant été prononcé, il convient d’en étudier le contenu. Or ce discours est révélateur à la fois de la prise en compte du contexte et de la situation par le Président mais aussi des limites de cette prise en compte.

De l’état d’urgence à la notion de guerre

Tout en rendant un hommage aux victimes des attentats de vendredi 13, le Président affirme que nous sommes en guerre. Les mots ont un sens, et celui de guerre est particulièrement chargé dans le domaine symbolique. Il n’a donc pas été employé au hasard. Mais, il convient de s’interroger sur la formule. Il ne fait guère de doutes que ces attentats sont bien des actes de guerre, préparés dans une logique militaire et dont l’intention est plus militaire que politique, ce qui les différencient des attentats de janvier dernier. Autant ces derniers pouvaient être considérés comme « ciblés », même si l’idéologie qui préside à ce ciblage est odieuse, il n’en va pas de même cette fois ci. Ces attaques ont visé des personnes de manière indiscriminée, ou plus précisément toute personne ne vivant pas suivant les règles folles d’une pensée fanatique. Mais, il n’est pas sûr que ceci soit suffisant pour qualifier la situation de guerre, à moins de désigner précisément l’ennemi. C’est, certes, ce que fait alors le Président en désignant l’organisation qui se fait appeler l’Etat islamique et que l’on connaît sous le nom de DAECH. Il en tire alors la conclusion : « C’est la raison pour laquelle la nécessité de détruire Daech constitue un sujet qui concerne toute la communauté internationale. J’ai donc demandé au Conseil de sécurité de se réunir dans les meilleurs délais pour adopter une résolution marquant cette volonté commune de lutter contre le terrorisme ». Néanmoins, une organisation n’est pas un Etat. En assimilant les deux, en prenant au sérieux la revendication de DAECH à se présenter comme un Etat, le Président de la République prend la responsabilité d’une confusion. Et c’est en particulier le cas avec l’appel aux Nation-Unies. On sait que a tradition des socialistes, issue de la SFIO d’avant-guerre, consiste à faire une confiance, parfois aveugle, dans l’action collective internationale. Mais ici, cette action collective se heurte aux intérêts des alliés internationaux des terroristes. De toutes les manières, il est clair que cela impliquera une remise à jour de la diplomatie française.

Il y a donc ici un risque de confusion. Si cela se limite aux discours, cela n’aura pas beaucoup de conséquences. Mais, si la notion de « guerre » devait avoir une traduction directe dans les moyens utilisés, les problèmes seraient bien plus graves. Car l’organisation qui se fait appeler l’Etat islamique est diverse, traversée de contradictions, et certainement moins centralisée qu’on le croit ou qu’elle le prétend.

Il ne s’agit pas de remettre en cause la nécessité de détruire cette organisation, mais il convient de bien réfléchir aux moyens les plus efficaces. Si une action militaire s’impose, et doit être pensée comme telle avec les moyens en conséquence, pour détruire les capacités d’actions de cette organisation criminelle et reprendre les territoires qui lui fournissent ses ressources financières (Pétrole, Blé, Coton), il faut comprendre que cette seule action ne suffira pas. Il faut aussi porter et profiter de «la discorde chez l’ennemi » comme le rappelait le Général de Gaulle[1], et prévoir d’emblée une solution de stabilité qui puisse accompagner l’action armée. En un mot, la « guerre » n’est qu’une formule. D’ailleurs le Président n’a pas proposé la déclaration de guerre, ce qui serait pourtant logique avec une partie des termes de son discours. On comprend donc que la lutte contre l’organisation qui prétend s’appeler Etat islamique sera bien plus complexe qu’une guerre.

La remise en cause de la politique étrangère

Ceci pose le problème de notre politique étrangère est de nos alliances. Sur ce point, l’inflexion que lui a fait subir le Président de la République dans son discours est des plus notables. Il y a, tout d’abord, une évolution sensible de la position française, qui avait conduit à son isolement, sur la question syrienne. Reprenons le discours : « Le terrorisme, nous le combattons en Irak pour permettre aux autorités de ce pays de restaurer leur souveraineté sur l’ensemble du territoire et en Syrie nous cherchons résolument, inlassablement une solution politique dans laquelle Bachar AL ASSAD ne peut constituer l’issue mais notre ennemi, notre ennemi en Syrie, c’est Daech ». En précisant que la priorité est bien la lutte contre l’organisation se faisant appeler l’Etat islamique, et que cette priorité est valable tant en France qu’en Syrie, François Hollande reconnaît implicitement les erreurs de la diplomatie française. Il reconnaît que l’obstination à faire du départ de Bachar el-Assad un préalable ou, à tout le moins, un point important des négociations sur l’avenir de la Syrie, était une erreur. Il le fait tardivement, mais il le fait. Il convient d’en prendre acte. Il ne s’agit pas ici de chanter les louanges de Bachar El-Assad. Il est clair que le peuple syrien est fondé à lui reprocher bien des choses. Mais, la politique consiste à établir quel est le danger principal et quel est le danger secondaire. Très clairement, le danger principal était la montée en puissance du groupe dit « Etat Islamique ». C’est ici un retour au principe de réalité.

Il ajoute ensuite : « Aujourd’hui, il faut plus de frappes – nous en faisons –, plus de soutien à tous ceux qui se battent contre Daech– nous l’apportons, nous la France –, mais il faut un rassemblement de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste dans le cadre d’une grande et unique coalition – c’est ce à quoi nous travaillons. C’est dans cet esprit que je rencontrerai dans les prochains jours le Président OBAMA et le Président POUTINE pour unir nos forces et atteindre un résultat qui pour l’instant est encore renvoyé à trop longtemps ».

La question de l’intensification de l’effort militaire a déjà été posée. Elle va s’imposer avec force, mais il serait dangereux d’y voir le seul moyen de lutte. L’important, ici, est que François Hollande prenne acte du fait que la Russie est incontournable sur les questions du Moyen-Orient. Cette demande de concertation avec la Russie est importante. Elle signifie le pivotement de notre politique étrangère. Mais se pose alors la question de nos relations avec les Etats-Unis et certains autres pays. Il convient ici d’écouter les propos que tenaient le Général Desportes lors de l’audition du 17 décembre 2014 devant LA COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES, DE LA DEFENSE ET DES FORCES ARMEES du Parlement français [2]: « Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les Etats-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les Etats-Unis. » D’autres ont dit des choses semblables, et eux non plus n’ont pas été entendus.

Le tournant que prend la politique étrangère française, s’il se concrétise, devrait aussi aboutir à clarifier ces points. Il faut se réjouir de ce tournant, en particulier en ce qui concerne la Russie. On attend cependant comment ce dit tournant va se concrétiser.

Comment penser la position de la France dans l’Union européenne

Un troisième point important porte sur la position de la France vis-à-vis de l’Union européenne et de l’Euro. François Hollande a été très clair sur ce point : « Et si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures, alors – et nous le voyons aujourd’hui sous nos yeux – c’est le retour aux frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont annoncés. Ce sera alors la déconstruction de l’Union européenne ». On sait qu’il est, pour le meilleur et pour le pire, un fervent européen. Mais, il ne peut pas ne pas prendre acte du fait que l’Union européenne s’est très peu engagée sur les questions de sécurités, sur le fait que les partenaires de la France sont loin d’avoir avec elle la coopération requise, et aussi que les règles de l’Union européenne, règles qui dans le domaine budgétaire découlent directement de l’Euro, sont aujourd’hui contraignantes à l’excès. Il ne dit d’ailleurs pas autre chose quand il ajoute, à propos des annonces importantes sur l’accroissement des moyens humains de la police et de la défense : « Toutes ces décisions budgétaires seront prises dans le cadre de la loi de finances qui est en ce moment même en discussion pour 2016. Elles se traduiront nécessairement, et je l’assume devant vous, par un surcroît de dépenses mais dans ces circonstances, je considère que le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité ».

En fait, le « pacte de sécurité » qui n’est autre qu’un élément important du Pacte National, va bien au-delà des seules implications budgétaires de l’accroissement des moyens. Il impose que la France retrouve au plus vite une trajectoire de croissance qui lui permette de réduire le chômage et de procéder aux investissements nécessaires tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Cette politique est aujourd’hui contradictoire avec de nombreux textes européens, dont le TSCG que pourtant François Hollande fit voter en septembre 2012. Mais, cette politique est surtout contradictoire avec le carcan que représente pour l’économie française, et pas seulement pour elle, l’Euro. Ici, François Hollande devra choisir entre son attachement aux institutions européennes et son devoir de Président de la République française. Plus profondément, le temps d’un bilan sans concession de ce que l’Union européenne nous a réellement apportée est venu. Il vaudrait mieux le faire à tête reposée que dans l’urgence, comme on aura à le faire au premier semestre 2016 si l’on assiste à une convergence des crises politiques dans de nombreux pays, du Portugal à la Grande-Bretagne.

Une instrumentalisation de l’état d’urgence ?

Il reste un dernier point important. Concernant l’Etat d’urgence, le Président de la République a fait la déclaration suivante : « Et j’ai beaucoup réfléchi à cette question. J’estime en conscience que nous devons faire évoluer notre Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d’agir, conformément à l’état de droit, contre le terrorisme de guerre ». Cela signifie que le Président entend constitutionnaliser des dispositions de l’état d’urgence. Cette dernière annonce est très discutable. L’état d’urgence existe dans la loi, et croire que ce serait un renforcement de l’état de droit que d’en préciser et d’en constitutionnaliser des dispositions est illusoire. Ce qui assure que le gouvernement se situe bien dans l’espace de la démocratie n’est pas telle ou telle mesure ; c’est le contexte dans lesquelles elles sont prises, c’est le but dans lesquelles elles sont prises et c’est enfin l’assurance que dès que le contexte aura changé ces mesures seront abolies. C’est cela qui distingue la Dictature au sens juridique premier que ce mot doit avoir de la au sens juridique premier que ce mot doit avoir de la Tyrannie.

David Dyzenhaus, montre comment l’obsession pour la rule by law (i.e. la légalité formelle) et la fidélité au texte tourne bien souvent à l’avantage des politiques gouvernementales quelles qu’elles soient. À plusieurs reprises, l’auteur évoque des perversions du système légal de l’Apartheid[3] en rappelant que cette jurisprudence avilissante tenait moins aux convictions racistes des juges sud-africains qu’à leur « positivisme»[4] et qu’elle était, de ce point de vue, techniquement fidèle à une vision positiviste de l’état de droit. Ceci montre la vacuité de tenter à vouloir maintenir la notion d’état d’urgence dans le cadre d’une vision positiviste de l’état de droit. Mais, cette constatation soulève un autre problème. François Hollande aurait très bien pu s’abstenir de la proposition de « constitutionnalisation » de l’état d’urgence. Ce dernier a été invoqué à de multiples reprises depuis 1955 et ceci sans que l’on ait eu besoin de « constitutionnaliser ».

La « constitutionnalisation » de mesures comme les écoutes électroniques et autres ne s’impose donc nullement. Il convient de dire que l’arsenal législatif de la France est ici suffisant, mais qu’il faut qu’il soit appliqué. L’instrumentalisation de la Constitution et de l’état d’urgence à des finalités politiciennes est donc ici à condamner avec la plus grande fermeté.

Le style c’est l’homme ?

Reste la question du style de ce discours. François Hollande a prononcé un discours où des fragments d’une grande force alternent avec des fragments d’une grande banalité, voir où il se répète. Non qu’il ne sache, ne serait-ce qu’intuitivement, que plus le sujet est grave plus il convient à un dirigeant d’être économe de sa parole. Nous ne lui ferons pas l’injure de rappeler que de César au Général de Gaulle la parcimonie dans l’expression a toujours caractérisé à l’expression du dirigeant confronté à une situation exceptionnelle. En fait, ce que nous révèle le style de ce discours, ce sont les hésitations, voire les contradictions, de François Hollande. Il est un adhérent convaincu du projet européen, mais, dans le même temps, il doit prendre acte de l’échec, au moins partiel, de ce projet. Il est très naturellement le fruit du tropisme atlantiste qui a existé au sein de la SFIO puis du Parti Socialiste, et il doit prendre acte de la divergence radicale entre les intérêts des Etats-Unis et ceux de la France. Il est un dirigeant élevé dans l’observation rigide de la légalité, ce que l’on appellera un légalisme formel, et il a du faire acte de souveraineté, au risque de se mettre en contradiction avec les principes qu’il a défendus. Il est enfin un homme arrivé au sommet du pouvoir avec une expérience politique réduite à la gestion d’un parti politique.

Cela explique, sans les justifier, les hésitations, les demi-mesures, et les imprécisions que l’on retrouve dans son discours. Cela explique aussi les tendances à l’instrumentalisation tant de la situation particulière que nous vivons que des principes de l’état d’urgence. Mais, il faut aussi lui faire crédit des inflexions, pour certaines majeures, de la politique de la France que son discours contient.

[1] De Gaulle C., La discorde chez l’ennemi, Paris, Berger-Leuvrault, 1924.
[2] http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20141215/etr.html#toc7
[3] Dyzenhaus D, Hard Cases in Wicked Legal Systems. South African Law in the Perspective of Legal Philosophy, Oxford, Clarendon Press, 1991.
[4] Dyzenhaus D., The Constitution of Law. Legality In a Time of Emergency, op.cit., p. 22.

Source : RussEurope

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Cela fait 36 ans que cela dure, croyez-vous que cela relève d’un accident de l’histoire ?
Par Philippe Béchade, le 16 novembre 2015 - Les Econoclastes

Ce texte aurait dû être ma chronique « grinçante et décalée » du 15 du mois… mais grincer ne saurait suffire en la circonstance, et c’est l’actualité qui a « décalé » bien plus dramatiquement que ce qu’envisageaient les spécialistes du terrorisme dans leurs pires scénarios.
Le texte qui va suivre n’est en aucun cas une synthèse des avis unanimes des Econoclastes et je suis intimement convaincu qu’il suscitera réactions et controverses au sein de ses membres.
Les prochains apports promettent d’être intéressants : patientez un peu et vous découvrirez une multiplicité d’angles auxquels je n’ai pas songé, j’en suis bien conscient.

« La France est en Guerre », voilà la phrase choc prononcée par le Président de la République et qui figurait à la « une » de la plupart des médias samedi matin…

Est-ce une sorte d’hallucination auditive… mais j’ai eu un peu l’impression qu’il y a de l’écho dans la communication gouvernementale cette année.

Après la tuerie de Charlie Hebdo et la prise d’otage de l’Hyper Kacher, la France ne s’était-elle pas déjà déclarée en « guerre contre le terrorisme » ?

C’était déjà un « 13 » (décidément)… mais le 13 janvier 2015. Souvenons des mots de François Hollande : « La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l’islamisme radical« , mais « pas contre une religion« .

« Notre grande et belle France ne rompt jamais, ne cède jamais, ne plie jamais. Elle fait face, elle est debout».

Une affirmation bel et bien suivie d’effet -certes à retardement- avec le début de frappes au-delà de la frontière irakienne en toute fin d’été : il a en effet fallu attendre les premiers jours du mois de septembre.

Les premières bombes ont été larguées « sur des sites d’entrainement et de stockage d’armes » de Daesh en même temps que démarrait l’année scolaire.

Car il n’était pas question pour la France, depuis de la début de la déstabilisation du régime de Bachar El Assad par les Etats Unis et les monarchies du Golfe en 2011, de s’en prendre à Daesh ou Al Nosra sur le territoire « souverain » syrien.

Comme si Damas exerçait encore la moindre forme de souveraineté sur les 60% du territoire contrôlés par l’Etat Islamique.

Il n’était en réalité pas question d’entreprendre quoi que ce soit qui puisse être perçu comme une aide tacite et indirecte au régime de Damas… notamment en affaiblissant ses adversaires les mieux armés et les plus virulents.

Sans compter que cela rendrait également la tâche plus facile aux groupes armés chiites (principalement le Hezbollah) soutenus par Téhéran alors que la France restait jusqu’à très récemment l’une des dernière à prôner la « ligne dure » à l’encontre de l’Iran.

Or, Washington et le Pentagone négocient secrètement avec Téhéran depuis 2012 en vue de la réintégration de ce pays plurimillénaire (par opposition à des pays arabes de la région ayant moins de 70 ans d’existence) dans le concert des nations dites « fréquentables ».

Le Quai d’Orsay et l’Elysée ont continué de faire comme s’ils n’étaient pas au courant… pariant peut-être sur un échec des tractations sur le délicat volet du nucléaire iranien qu’Israël s’évertuait à faire échouer, en faisant jusqu’au bout pression sur le Congrès US.

Un Congrès devant lequel le Premier Ministre israélien est venu le 3 mars dernier -à l’invitation des parlementaires Républicains- prononcer un discours (son 3ème, un privilège unique qu’aucun autre chef d’état ou de gouvernement n’a jamais obtenu en 50 ans) de mise en garde contre l’accord sur le nucléaire négocié par B.Obama.

Comme l’avait souligné Robert Kagan à l’époque, «C’est comme si les membres démocrates du Congrès avaient appelé le président français Jacques Chirac à venir défier le président Bush sur la guerre en Irak (en 2003)… un cas de figure impensable».

L’accord a finalement été entériné par le Congrès et le processus de levée de l’embargo est désormais bien engagé, même s’il peut être suspendu à tout moment au moindre « manquement » de la part de Téhéran.

Que ce soit par aveuglement ou par calcul (dicté par une obnubilation anti-Assad), la France a délibérément laissé prospérer Daesh en Syrie.

Certes, elles n’est pas la seule parmi les pays occidentaux, les Etats-Unis appliquant longtemps une stratégie de soutien plus qu’implicite, avant de finir par considérer ces « barbares moyenâgeux » (nouvelle terminologie adoptée par la diplomatie US) par trop infréquentables, à force de décapitations.

D’autant que la France participait bien -depuis le revirement américain- au bombardement d’objectifs contrôlés par l’Etat Islamique en Irak, tuant de très nombreux civils : des chiffres effrayants circulent concernant le ratio des « victimes collatérales » pour l’élimination (via des missiles balistiques, des bombes, des tirs de drones, etc.) d’un seul « terroriste ».

Et les « succès » revendiqués sont difficilement vérifiables .

Le silence des médias et du gouvernement sur cet aspect des « choses » -car la vie des civils innocents en Irak et en Syrie compte apparemment si peu- est assourdissant.

C’est bien connu, lorsqu’il est question d’une guerre (et de ses réelles motivations), la première victime, c’est la vérité.

Tout ce qui précède faisait de notre pays -à l’insu d’une majorité de citoyens français- un adversaire désigné et une cible militaire privilégiée de Daesh, et ce, depuis bien avant la proclamation de l’Etat Islamique fin juin 2014 (les attentats de janvier survenant 6 mois plus tard).

Mais le ciblage de la France par l’Islam radical ne date pas de 2014 : notre pays a subi ses premiers attentats fomentés par le GIA (Groupe Islamique Armé) en 1995 puis 1996 (8 attentats au total, de mémoire, dont celui de St Michel) et elle n’a jamais plus cessé depuis d’être menacée ou attaquée par les membres les plus radicalisés des mouvements d’obédience salafistes depuis 20 ans.

Pourquoi les médias se montrent-ils aussi « prudents » (c’est-à-dire quasi muets) sur le rôle de certaines pétromonarchies du Golfe -présentées comme nos alliées- dans le financement de mouvements salafistes radicaux, basculant presque systématiquement dans le terrorisme depuis 1979/1980 ?

L’exprimer au grand jour et sans fioriture comme l’a fait sur France-2 samedi matin l’ex-patron des investigations antiterroristes, le juge Trévidic, aurait en effet mis notre diplomatie en porte à faux.

Surtout depuis que la France accède à toutes les demandes de sanctions à l’encontre d’une Russie systématiquement diabolisée (pour cause de déstabilisation de l’Est de l’Ukraine) par ces mêmes médias qui taisent le rôle de l’Arabie Saoudite et du Qatar dans la déstabilisation radicale de la Syrie, précipitée dans une guerre civile qui provoque le déferlement de millions de réfugiés vers la Turquie et l’Europe.

Mais pourquoi les Etats-Unis ont-ils entraîné et armés ceux-là mêmes qu’ils qualifient aujourd’hui de « barbares » à l’idéologie mortifère ?

Parce que leur priorité était d’éradiquer le régime de Damas, le dernier soutien régional dont dispose encore Moscou, sans s’impliquer directement comme en Irak ou en Afghanistan, tout en faisant le pari que ces « rebelles » se montreraient reconnaissant envers les Etats-Unis une fois Bachar El Assad renversé.

Sa dictature est certes épouvantable, criminelle, ubuesque… mais nombre de dictatures sanguinaires en Afrique ou en Asie ont prospéré et prospèrent encore sans que les Etats-Unis ne s’en offusquent.

Comme l’a rappelé le juge Trévidic, sans s’embarrasser de précautions de langage tant la réalité lui apparaît limpide, la diplomatie américaine « aime » les salafistes radicaux parce qu’ils sont pro-business et économiquement « libéraux ».

Les néoconservateurs américains qui dirigent la diplomatie US depuis les années Reagan -peu importe la coloration du congrès, tantôt Républicain, tantôt Démocrate- préfèrent de façon manifeste les dictatures religieuses (et de préférence ultra-fondamentalistes) aux dictatures laïques.

Les dictatures laïques sont bien sûr des dictatures parfois très dures, certes, mais qui garantissent l’unité d’un pays multiconfessionnel, et une sécurité relative pour chaque communautés religieuses, se mêlant assez peu des questions de mœurs.

Les dictatures religieuses sont d’expérience -sinon par essence- totalitaires… et elles déploient des efforts démesurés pour imposer un mode de vie qualifié de moyenâgeux par nos démocraties occidentales, mais également la Chine et la Russie (ce qui ne les empêche pas davantage que les Etats-Unis de commercer avec, ni de leur apporter au besoin un soutien militaire si cela peut contrecarrer l’influence occidentale).

La différence entre Washington et Bruxelles d’un côté, puis Moscou et Pékin de l’autre, c’est que les ex-dictatures communistes sont impitoyables avec les mouvements de rébellion d’essence religieuse (islam -sunnite ou chi’ite- ou même Bouddhisme).

Et l’arsenal répressif ne se limite pas à la persécution et à la prison : les sources de financement sont systématiquement détruites (pétrole, coton, ressources minières, opium, etc.).

Comment expliquer que la « guerre contre le terrorisme » menée par la France ne s’accompagne pas d’actions diplomatiques résolues pour que la Turquie réprime et empêche la contrebande de pétrole et de coton exportés par l’Etat Islamique ?

N’est-il pas absolument confondant d’observer que c’est dans la proche banlieue de Bruxelles, la capitale d’une « certaine idée de l’Europe », porteuse de valeurs de tolérance (ce qui inclut les religions) et de progrès social », qu’émerge ce qui s’impose désormais comme le principal foyer de radicalisation islamiste salafiste du vieux continent?

Les jeunes belges d’origine musulmane -ou qui se sont convertis à un islam radical, l’enquête le déterminera- qui sont venus se faire exploser à quelques centaines de mètres du Président de la République, alors en tribune au Stade de France, ne sont pas particulièrement persécutés en Belgique (et encore moins par la France) et il est peu probable qu’ils aient perdu un membre de leur famille dans des bombardements en Syrie… alors que c’est le mobile revendiqué lors de l’attaque de vendredi.

Même constat pour les frères Kouachi ou pour Amedy Koulibaly qui ont clamé avoir été motivés par un impératif « philosophique » ou le besoin de se venger d’Israël.

Les médias les ont présentés -peut être à juste titre- comme des esprits faibles, aux idées simplistes et confuses, en perte de repères, en quête d’un destin, endoctrinés et aveuglés par la haine de l’occident (et notamment une hostilité irréductible au concept de laïcité)… et suffisamment motivés pour passer à l’acte.

Quelle meilleure définition du « pion que l’on manipule » ?

Et une bonne partie du personnel politique qui s’est fait élire ou qui a assumé les plus hautes fonctions, feint de découvrir que nos banlieues (ainsi que celles de Bruxelles, Londres, mais aussi Marseille, Toulouse, etc.) regorgent de kamikazes en puissance et que la France a fait des choix diplomatiques regrettables !

Mais cela fait 36 ans que les mouvements salafistes-abondamment financés par les monarchies du golfe -aux sues et vues de tout le monde- effectuent ce travail de recrutement d’individus vulnérables, de prise en charge matérielle et psychologique, de formation au Djihad, que ce soit dans les prisons ou dans les quartiers défavorisés.

Des « signes visibles » de rejet de nos valeurs et de nos mœurs se sont pourtant multipliés durant des décennies et ce, partout où la révolte gronde, partout où les autorités locales par manque de moyen ou par manque de clairvoyance les laissent prospérer.

Aux appels au Djihad, aux preuves manifestes de déclassement de la femme et de l’éradication de son existence sociale dans l’espace public, il ne leur a été opposé que nos principes de tolérance, de non stigmatisation de « particularisme culturels »… lesquels ne sont aux yeux des fondamentalistes qu’une preuve supplémentaire de notre décadence morale et politique.

Mais il y a pire que le « laisser faire » par angélisme ou par aveuglement, il y a le « laisser faire par calcul »… et certains pays qui se présentent comme nos alliés le pratiquent avec un cynisme que nos gouvernants, actuels ou pas si anciens feignent de découvrir.

Alors bien sûr, quand des centaines d’innocents ont été tués ou blessés par un ennemi extérieur qui instrumentalise ceux qui nous haïssent de l’intérieur, il serait bien commode de diaboliser cette fois-ci l’Arabie Saoudite et le Qatar pour en faire « les méchants de l’histoire » (cela viendra peut-être)… mais jusqu’à présent, la politique constante des pays occidentaux reste de les traiter comme des clients privilégiés pour notre industrie de l’armement et comme les bienveillants financiers de nos fins de mois difficiles (ce sont de gros acheteurs de bons du Trésor, d’OAT, de « BTP » italiens).

Qu’ils cessent de sortir leur chéquier et notre système financier basé sur la dette et la « fiat monnaie » basculerait dans le chaos.

Leur qualité de créanciers nous interdit de les traiter en ennemis.

Leur qualité de créanciers et d’incontournables fournisseurs de pétrole et de gaz les autorisent à nous traiter de toutes les façons qui leur chantent… et de nous infliger leur vision totalitaire d’un Islam radical, caricatural et mortifère, lequel d’une certaine manière sert de repoussoir et renforce symétriquement la demande de « sécurité » de la part des populations endeuillées par le terrorisme.

Sous le coup de l’émotion et d’un sentiment de révolte, elles approuvent sans vraiment y réfléchir des guerres absurdes qui feront se multiplier les morts inutiles puis consentent spontanément à renoncer à la plupart des libertés fondamentales dont voudraient justement les priver les « fondamentalistes ».

D’où cette double question: à qui profite ce système schizophrène, et s’il ne profitait qu’aux « barbares moyenâgeux » d’une Péninsule Arabique qui renferme certes beaucoup de barils de pétrole mais moins 20 millions de sunnites radicaux Wahhabites, croyez-vous vraiment qu’il aurait pu perdurer depuis 36 ans ?

Source : Les Econoclastes

* * *

Voici les vrais responsables de nos malheurs (Sarkozy, Hollande et Marine...).
Par Eric Cantona, le 16 novembre 2015

Mis sur le mur du groupe PCF par Gilberto T Santana

Jusqu'à Jacques CHIRAC, la France n'avait que des amis et des alliés dans le monde arabe. La France était perçue comme une nation qui partout favorisait la paix et le dialogue.

Puis Sarkozy est arrivé et tout a changé. Nos amis d'hier sont devenus nos ennemis. Nos alliés d'hier sont devenus nos adversaires d'aujourd'hui.

En Afghanistan, en Irak, en Libye, au Tchad, en Syrie nous avons semé la mort et la terreur. Nous avons voulu imposer "la démocratie" à coups de bombes à des peuples qui n'en veulent pas. Nous avons voulu exporter des valeurs auxquelles nous-mêmes ne croyons plus. Nous avons infligé tellement de souffrances qu'aujourd'hui nous récoltons ce que nous avons semé.

Nos politiciens font les guerres au lieu de s'occuper des problèmes graves de notre pays. Le chômage explose, la misère s'étend, nos retraités font les poubelles pour pouvoir survivre, notre jeunesse n'a plus d'espoir et nos gouvernements dépensent des milliards à bombarder des pays et des peuples étrangers.

Arrêtons de nous mêler des affaires du monde. Nous ne sommes ni des exemples à suivre ni des justiciers.

Il est temps d'ouvrir les yeux : à force de semer la haine, le racisme et la mort, nous, nous récoltons le terrorisme et la peur.

Et ces politiciens irresponsables qui nous conduisent vers l'abîme, ces pompiers pyromanes, profitent du terrorisme pour nous infliger l'état d'urgence, réduire nos libertés et nous dresser les uns contre les autres au risque de provoquer une guerre civile dans notre propre pays.

Ces politiciens qui nous gouvernent ne méritent pas notre confiance car ils nous ont tous trahis. Il n'y en a pas un pour sauver l'autre.

Malgré la peine immense, la légitime colère et la tristesse que nous éprouvons tous, nous devons rester lucides et unis.

Ne nous trompons pas d'ennemis et ne faisons pas payer à nos compatriotes musulmans, les conséquences de la folie guerrière de nos gouvernements. Nous sommes gouvernés par des pompiers pyromanes qui sont les vrais responsables de ce que nous sommes en train de vivre.

Ne nous laissons pas égarer par l'émotion et laissons plutôt place à la lucidité et la RAISON.

Ces politiciens ne sont pas qualifiés pour garantir notre sécurité car leur politique de guerre ne fera que favoriser encore plus le terrorisme.

Eric Cantona

Source : PCF Arcachon

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