lundi 8 février 2016

La méditation 2.0



Eric Rommeluère, La méditation laïque : phénomène de société ? (Institut d'Etudes Bouddhiques, 2015)

L'emploi devenu général et passe-partout du terme "méditation" n'est pas sans créer des malentendus. (...) Il laisse également entendre qu'il y aurait une méthode (ou tout au plus des variantes d'une méthode), alors qu'il existe un grand nombre de pratiques dont les techniques et les finalités ne se recouvrent pas. (p. 132)
Les termes de mindfulness et son adaptation française de "pleine conscience" traduisent le pâli sati, que l'on pourrait rendre par "vigilance", "attention vigilante", voire "présence d'esprit". Les exercices de pleine conscience s'inspirent en effet des pratiques de l'école theravâda, la tradition bouddhiste du Sud-Est asiatique. Dans cette école, l'établissement de l'attention vigilante (sati) est un prérequis aux exercices méditatifs dits de calme mental (samatha) et de vision pénétrante (vipasana). (p. 136)
Dans les pratiques originelles de l'école theravâda, l'attention vigilante est une faculté mentale qui, une fois établie, permet d'évaluer et de juger des qualités des objets qui apparaissent à la conscience; de cette façon, le méditant pourra reconnaître leurs aspects impermanent et conditionné. Cette dimension d'analyse est évacuée dans le mindfulness, de sorte que l'attention nue peut s'entendre de deux façons différentes, comme une conscience simple, disponible et attentive à tout ce qui se produit dans l'instant présent, mais également comme une forme d'attention dénudée de sa fonction examinatrice. (p. 137)
La logique marchande a besoin d'abaisser les seuils de stress, mais aussi de rendre invisible la violence de la compétition généralisée. La méditation de pleine conscience répond pleinement à ce double besoin et peut s'ajouter aux nombreux outils de maintenance de l'individu. Plus sereins, moins réactifs, les employés s'impliqueront toujours plus pour une meilleure productivité. (...)
Le discours sur la pleine conscience permet également de masquer la violence collective. Le stress ou la dépression ne sont jamais en effet présentés comme des productions sociales mais comme les effets d'histoires personnelles. Les réponse seront donc thérapeutiques ou paramédicales,  jamais politiques. Le diagnostique de Loy et Purser est sans appel : la méditation, comme pratique individuelle, remplit un rôle social, elle offre aux individus une image positive d'eux-mêmes, elle les intègre et les conforme à l'ordre social dominant. Vécue comme une automédication, elle  devient l'outil d'auto-contrôle qui permet à chacun d'accepter ce que l'on attend de lui. (p. 143)
Extrait de : Eric Rommeluère, S'asseoir tout simplement, l'art de la méditation zen, Ed. du Seuil, 2015, Postface La méditation 2.0
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La prostitution du yoga, les proxénètes de la pleine conscience et le Complexe Industriel de la Spiritualité
Le 4 juin 2014 - Guerilla Buddha / Le Partage (trad. 8 février 2016)

Les traditions de sagesse et les pratiques corpo-spirituelles comme le yoga, les approches intégrées du leadership et la méditation ont été cooptées au service de la classe corporatiste dominante. Une alternative radicale à ce qui est devenu un Complexe Industriel de la Spiritualité (CIS) est aujourd’hui nécessaire. Cet article est un cri de guerre pour les enseignants guérilleros de l’industrie de la conscience qui ne souhaitent plus se prostituer pour le 1%.

Les fonctions du Complexe Industriel de la Spiritualité (CIS)

Les traditions de sagesse dévoyées et les pratiques de conscience corporelle remplissent aujourd’hui un certain nombre de fonctions nuisibles. Cette lecture peut s’avérer difficile si, comme moi, vous leur avez dédié une bonne partie de votre vie, mais s’il-vous-plait, tenez bon, la seconde partie de cet article explique comment nous pouvons devenir des guerriers spirituels véritablement pertinents. En bref, le CIS peut entraîner et entraîne souvent ce qui suit:

Faire de nous des pigeons qui acceptent de se faire pigeonner
Nous faire pigeonner davantage
Aider uniquement le 1% à se gaver
Aider le 1% à rendre nos vies plus merdiques


Yoga à Wall Street: des banquiers importants cherchent à améliorer leur efficacité grâce au Yoga

Faire de nous des pigeons qui acceptent de se faire pigeonner

Les traditions de sagesse dévoyées et les pratiques de conscience corporelle, dans un monde psychologiquement et émotionnellement destructeur, préjudiciable à l’environnement, et dans lequel règnent l’injustice sociale et la solitude, peuvent rendre la vie supportable. Tout en étant bien intentionnées, elles peuvent perpétuer un système qui doit être changé et non toléré. Les pratiques corpo-spirituelles, surtout lorsqu’elles sont déformées et emballées pour la grande consommation, ne menacent pas le statu quo mais le soutiennent inconsciemment en lénifiant ceux qu’il détruit. Si nous souffrons de l’état dans lequel se trouve le monde, nous pouvons soit y remédier soit faire en sorte de se sentir mieux quoi qu’il arrive. La religion a toujours été l’opium du peuple mais de nos jours, l’opium des classes moyennes n’est plus religieux mais spirituel. La « McMéditation® » de pleine conscience, le « (K-)Hatha » Yoga® et d’autres pratiques corpo-spirituelles « Lite® », sont du prozac bio.

En élargissant le contexte des pratiques corpo-spirituelles du consommateur occidental, on trouve le mouvement de la Psychologie Positive enraciné chez les culs-bénis états-uniens, et dont le principe de base est de se montrer optimiste quelle que soit la gravité des choses — exprimé de façon éloquente par le slogan « sourire ou mourir! ». A la tête de ce mouvement, Martin Seligman, président de l’American Psychological Society a remporté un contrat militaire faramineux incontesté après avoir inspiré les stratégies de torture de « l’impuissance acquise » à la CIA.


Matthieu Ricard en train d’enseigner la méditation et la pleine conscience à l’élite de Manhattan (traders de Wall Street et capitalistes philanthropes).

Nous faire pigeonner davantage

De nombreuses adaptations modernes des systèmes corpo-spirituels mettent l’accent sur l’individu et sur l’intérêt personnel par l’intermédiaire de la superstition. Cela provient de la prédominance culturelle dans le domaine du développement personnel de la côte ouest des États-Unis. La place occupée par ce nouveau produit de consommation signifie que les pratiques corpo-spirituelles véhiculent de plus en plus le narcissisme, l’égoïsme et la vanité. Ce qui a été initialement identifié et nommé « matérialisme spirituel » — l’usage de pratiques spirituelles au service de l’ego — est maintenant devenu la norme. Voir également cet article sur les maladies spirituellement transmissibles. Le message qui apparaît sur presque tous les prospectus et les sites que je vois est : « Le yoga vous fait maigrir et vous rend sexy ». Le CIS crée activement la culture consumériste malsaine qu’il prétend guérir.

L’hyper-individualisme du CIS détourne l’énergie des individus curieux du changement social externe vers le changement intérieur. Cela s’est produit à la fin des années 60 et au début des années 70 lorsque le mouvement « du potentiel humain » de la côte ouest des États-Unis a détourné une jeunesse politisée en l’envoyant s’occuper de ses propres fesses. Si les pratiques corpo-spirituelles allaient de pair avec le changement extérieur ou le soutenaient, elles seraient admirables. Malheureusement, elles sont souvent proposées en tant que palliatifs. L’idée générale consiste à penser que si suffisamment de personnes se détendent et obtiennent des jambes galbées, le monde en sera transformé indépendamment des systèmes et des structures de domination. La phrase tronquée « soyez le changement » est inutile en tant que stratégie pour l’obtention d’une justice sociale ou d’une soutenabilité écologique : à aucun moment de l’histoire de l’humanité, un exemple personnel n’a suffi à contraindre ceux qui abusent du pouvoir à y renoncer. Gandhi a aussi foutu un bazar monstrueux — en perturbant terriblement les fondements économiques de l’Empire Britannique. La sagesse dévoyée du CIS peut apparaître comme une « deuxième matrice » — une soupape de sécurité pour le courant dominant.

A propos de Gandhi, de l’indépendance de l’Inde et de la non-violence:



Extrait de Franklin Lopez, END:CIV - Resist or Die (2011)

Un autre problème, d’ordre politique, lié aux pratiques corpo-spirituelles, réside dans le fait que leur structure évoque celle des dictatures asiatiques médiévales. « Conformez-vous et obéissez à une autorité qui vous est extérieure » est le message implicite qui se dégage d’un grand nombre de cours. Quand, la dernière fois, avez-vous fait part de vos remarques à votre professeur des Cinq Rythmes, ou fait du yoga de façon démocratique?

Ces pratiques qui s’apparentent à une contre-culture n’en sont pas une, mais font partie du problème.

Aider uniquement le 1% à se gaver

Tandis que les pratiques corpo-spirituelles New-Age édulcorées du CIS visant à subjuguer les masses ont proliféré, d’autres pratiques de conscientisation sont essentiellement accessibles à l’élite, des barrières financières et culturelles en empêchant la démocratisation. J’ai pu en avoir un aperçu récemment dans une autre de ces salles de sports où se bousculaient une foule d’entraîneurs blancs corporatistes, d’âge moyen et issus de la classe moyenne, avec les femmes du 1%. Les bons enseignants de corpo-spiritualisme prostituent de plus en plus leurs services auprès de ceux qui détériorent le monde, en les rendant accessibles seulement au plus offrant. S’ils accomplissaient un véritable travail de transfiguration, ce serait une bonne chose (après tout, ce sont les malades qui ont besoin d’un médecin) mais la plupart du temps il ne s’agit que de mettre des couteaux entre les mains d’enfants dangereux (voir 4). Dans un monde où tout a un prix, la sagesse n’est qu’une marchandise de plus mise sur le marché, et ceux qui ont l’argent auront la meilleure part.

Extrait d’un autre article, publié sur le site Salon.com: Les enseignements bouddhistes sur l’éveil à la réalité de l’impermanence “telle qu’elle est” est renversée dans la pleine conscience corporatiste. Au lieu de cultiver la conscience des contingences de la réalité présente causant des souffrances, et en cela développant la capacité à intervenir sur ces conditions de souffrance, la pleine conscience corporatiste ne va pas plus loin que l’encouragement des individus à gérer leur stress afin d’optimiser leur performance, au sein des conditions existantes de précarité — qui, curieusement, sont dépeintes comme inévitables tandis qu’elles exigent la flexibilité des individus. Comme le dit Gelles dans son interview pour The Atlantic : « Nous vivons dans une économie capitaliste, et la pleine conscience ne peut changer ça ». Mais cela n’appuie-t-il pas ce que Bikkhu Bodhi, un moine bouddhiste occidentale, nous dit en nous avertissant : « sans une critique sociale pointue, les pratiques bouddhistes peuvent facilement être utilisées pour justifier et stabiliser le statu quo, et servir à renforcer le capitalisme consumériste » ?

Ses partisans [à la pleine conscience corporatiste], comme Jeremy Hunter, cependant, nous assurent que la pleine conscience peut servir de “technologie disruptive”, réformant jusqu’aux compagnies les plus dysfonctionnelles en organisations plus gentilles, compassionnelles et soutenables. Les professeurs de pleine conscience corporatiste qui prétendent que les programmes individualisés de pleine conscience sont subversifs évoquent souvent la métaphore du « cheval de Troie ». Ils émettent l’hypothèse selon laquelle, avec le temps, les leaders, les dirigeants et les employés entrainés à la pleine conscience pourront se réveiller et mettre en place des changements majeurs dans les pratiques et politiques corporatistes. Selon leur affirmation, Goldman Sachs, Monsanto et General Mills, des compagnies ayant rendus publiques leurs programmes de pleine conscience, deviendront bientôt des corporations modèles de responsabilité sociale et écologique [SIC!].

Permettre au 1% de rendre la vie encore plus merdique

Les pratiques corpo-spirituelles sont de plus en plus utilisées dans l’optique d’améliorer l’efficacité des psychopathes qui sont au pouvoir sans modifier ni leurs attitudes et comportements fondamentaux, ni les structures et les systèmes dont ils profitent. Enseigner la méditation à des connards ne peut qu’en faire des connards encore plus efficaces (ou des tireurs d’élite). Il faut être naïf pour croire que de puissants outils ne peuvent avoir qu’un impact positif. J’ai aussi appris, en travaillant dans le milieu des affaires, que beaucoup de personnes occupant des postes à responsabilité ne sont pas des psychopathes (je dirais environ 50 % du 1 %). Mais ils sont piégés dans une sorte de double-pensée, terriblement stressés, accros à la richesse et aussi victimes du système, d’une certaine façon. Infliger des souffrances trouble tout le monde sauf les psychopathes, soulager ces souffrances est ardu. Même dans la perspective d’aider des gens traumatisés et déshumanisés à regagner de la sensibilité, cela n’est guère plus que de la cruauté lorsqu’ils continuent à faire fonctionner une machine qui les traumatise et les déshumanise de nouveau, eux et les autres. Notez que même si la sagesse traditionnelle pouvait les rendre heureux, la machine qu’ils font fonctionner ne s’arrête pas. Bien que l’humanisation de ceux qui sont au pouvoir puisse bien sûr s’avérer bénéfique — en fait je pense pouvoir affirmer que le fait d’aider ceux qui sont au pouvoir à éprouver quelque chose pour eux-mêmes et donc pour les autres et pour la planète constitue un élément vital de la solution — il en faut beaucoup plus pour qu’un changement significatif intervienne. Enseigner le yoga à des banquiers ne peut être qualifié de révolutionnaire.


Excuses non recevables

J’ai moi-même avancé les excuses suivantes et je continue de les entendre sur le terrain pour justifier le maintien du soutien apporté à un système néfaste, injuste et destructeur de l’environnement. Je nourris depuis peu une certaine intolérance à l’égard de ces conneries proférées par moi-même et par mes semblables. Je demande donc votre indulgence pour le ton agressif employé ci-dessous :

« Je ne fais qu’aider les gens »
Non, vous aidez des gens qui nuisent à d’autres gens
« J’aide tout le monde »
Non vous aidez surtout ceux qui ont du fric
« Le travail que je fournis a toujours une influence positive »
Ne soyez pas si naïfs. Lisez « Le Zen en Guerre »
« Je change les choses de l’intérieur »
Vraiment ? Il est possible que vous aidiez des gens à être plus heureux mais est-ce que cela change les systèmes et les structures ?
« Je n’en ai pas les moyens »
Vous voulez dire : « Je ne suis pas disposé à sacrifier quoique ce soit dans mon style de vie pour vivre en accord avec mes principes. » C’est une question d’avidité et non de nécessité. A très peu d’exceptions près, la majorité d’entre nous ne nage pas dans la mouise. Réduisez les voyages en Inde et profitez-en pour économiser quelques émissions de carbone.

Actions de guérilla à l’usage des profs de pratiques corpo-spirituelles :

Alors qu’est-ce que je peux faire ? Pouvons-nous nous battre pour quelque chose plutôt que se contenter d’être contre ce qui se passe actuellement ?

Tout d’abord, je pense que dans la communauté enseignante il est nécessaire de lever la main honnêtement et d’affirmer : « oui, je m’engage ». Je suis loin d’être blanc comme neige et j’écris ceci alors que je n’ai pris conscience du CIS que très récemment. Cela m’est particulièrement pénible mais pour moi maintenant, tout autre choix reviendrait à vivre dans le mensonge. J’en incite d’autres à avoir le courage de se pencher sérieusement sur la question et de devenir des profs guérilleros d’aïkido, de yoga, de méditation, etc… Si vous en avez assez de sauver les gens de la noyade et que vous avez envie de savoir qui les pousse dans l’eau, prenez contact. Je rêve d’un monde dans lequel la sagesse traditionnelle serait utilisée pour contribuer à un vrai changement social. Dans lequel nous méditerions pour contribuer à une action sociale et dans lequel notre action sociale ferait partie de notre pratique spirituelle. Que se passerait-il si, en ayant le privilège d’accéder à une technologie corpo-spirituelle de pointe, on assurait l’accessibilité à tous, en particulier à ceux qui se trouvent en première ligne de l’activisme social ? Que se passerait-il si on débrayait et si on refusait de venir en aide à ceux qui perpétuent la violence ?

Voici quelques engagements personnels qui pourraient s’avérer utiles à d’autres. Pour ma part :

J’affirmerai que nous vivons sous une force d’occupation qui ne nous veut pas du bien, et que je fais partie de la résistance. Mon but ne consiste pas à m’adapter ou à soutenir un système psychologiquement destructeur, socialement injuste et préjudiciable à l’environnement mais à soutenir ceux qui le détruiront de l’intérieur et de l’extérieur. Le premier changement concerne l’état d’esprit. J’ai le choix entre collaborer ou entraîner de vrais révolutionnaires. Non, pas des révolutionnaires spirituels métaphoriques ; de vrais révolutionnaires à part entière qui se servent de l’intérieur pour améliorer l’extérieur et vice-versa.
Je trouverai des moyens pour que mon travail soit accessible financièrement et socialement. Pas d’excuses. Il se pourrait que je sois obligé de réduire les cappuccinos au soja qui sont très chers. J’ai déjà commencé en créant un programme de développement personnel démocratique, collaboratif et open-source basé sur 12 étapes.
Je refuserai d’enseigner à toute personne détenant un pouvoir quelconque à moins que je ne décèle une ouverture vers un véritable désir de changement. Ne pas donner de couteaux à des enfants déjà dangereux.
Je rechercherai activement les acteurs du changement qui pourraient bénéficier de ce que je fais.
Je créerai des cours de jeux de rôles percutants pour mettre en lumière des cas d’injustice sociale.
Je créerai un cours de leadership destiné particulièrement aux groupes radicaux et je leur en ferai cadeau.
Je poursuivrai le travail de résilience psychologique avec les ONG.
Je cesserai d’apporter mon soutien financier en tant que consommateur au CIS dominant.
J’incorporerai dans mes cours des éléments pour rendre service et d’autres aspects pour décourager le narcissisme.
J’établirai des liens explicites entre le travail corporel que j’enseigne et la politique (voir liens vidéos).
L’expression « guerrier spirituel » peut être prise plus à la lettre que l’habituelle expression californienne bancale… y compris de certaines manières que je n’aborderai pas en public sur le net.

NB : le mot prostitution est utilisé ici comme une analogie suscitée par l’émotion pour parler du fait de vendre quelque chose de sacré et ne constitue pas une attaque contre les travailleurs du sexe.

Traduction: Héléna Delaunay & Maria Grandy

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