samedi 9 juillet 2016

Les « portes tournantes » continuent de tourner

MAJ de la page : Goldman Sachs



L'ancien président de la Commission Européenne (2004-2014), José Manuel Barroso, est recruté pour conseiller la banque américaine Goldman Sachs à Londres. Notre invité est le journaliste financier Marc Roche, grand connaisseur de Goldman Sachs et de ses liens avec les institutions de l'UE.
Auteur du livre "La Banque : Comment Goldman Sachs dirige le monde" puis d'un documentaire sur le même sujet, avec Jérôme Fritel.
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Barroso rejoint Goldman Sachs : encore une mauvaise nouvelle pour l'Europe
Par Romaric Godin, le 8 juillet 2016 - La TRibune 
 
L'ancien président de la Commission européenne aidera la banque d’affaires américaine à gérer l'après-Brexit. Un transfert qui envoie un message négatif de plus au débit de l'UE.

Les « portes tournantes » continuent de tourner. L'ancien président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Durão Barroso, a été recruté par la banque d'affaires étatsunienne Goldman Sachs pour l'aider à gérer les conséquences de la sortie annoncée du Royaume-Uni de l'Union européenne après le référendum du 23 juin dernier. Il sera ainsi nommé président non exécutif de Goldman Sachs International (GSI) à Londres et, de surcroît, il aura le titre de « conseiller ».

Aider Goldman Sachs à gérer le Brexit

Selon le Financial Times, José Manuel Barroso entend « faire ce qu'il peut pour adoucir les effets négatifs du Brexit ». Les banques d'affaires américaines ont naturellement choisi Londres comme base d'opération pour leurs activités européennes. Mais si le Royaume-Uni perd son accès au marché unique européen, il leur faudra ouvrir de nouvelles filiales dans un pays de l'Espace économique européen. Quel pourrait alors être le rôle de l'ancien président de la Commission ?  Aura-t-il pour charge de faire du lobbying auprès des négociateurs européens qu'il connaît fort bien pour sauvegarder cet accès de la finance londonienne au marché unique (le fameux « passeport » européen) ? Cherchera-t-il à négocier des avantages avec un éventuel « point de chute » ? Pour le moment, il va déménager à Londres et croit que « Londres restera un centre financier mondial très important », indique-t-il au FT.

Le problème de l'indépendance

Évidemment, ce « transfert » pose une question centrale : celle de l'indépendance. Les liens entre Goldman Sachs et d'autres grandes banques et de nombreux fonctionnaires européens ou nationaux posent de véritables problèmes, notamment dans la gestion de la crise financière. Le cas le plus souvent cité est celui de Mario Draghi. L'actuel président de la BCE depuis 2011 a été vice-président de la branche européenne de Goldman Sachs de 2002 à 2005. Or, Goldman Sachs n'est pas une banque comme les autres. C'est elle qui a aidé le gouvernement grec à détourner la méthode de calcul du déficit public par des produits de « swaps » qui permettaient de reporter à plus tard une partie de ce déficit. Grâce à ce tour de passe-passe, la Grèce était entrée dans la zone euro en 2002. Ce mécanisme avait été utilisé, du reste, par l'Italie, en 1997 pour rejoindre l'union monétaire à une époque où le directeur général du trésor transalpin était un certain... Mario Draghi.

Le comportement de José Manuel Barroso durant la crise

Et pour José Manuel Barroso ? Cette nomination n'est pas neutre. En tant que président de la Commission, cet homme a été un des responsables des erreurs de gestion des années 2010-2013. Partisan d'une austérité forte et d'un ajustement féroce, il a participé à la troïka dans tous les pays touchés par la crise, de la Grèce à l'Irlande. Or, le principe de ces « sauvetages » a été de sauvegarder les intérêts des créanciers des États, principalement les banques. José Manuel Barroso a notamment participé aux pressions contre l'Irlande pour empêcher le gouvernement de ce pays de réduire le fardeau porté par sa populations en faisant participer les créanciers des banques irlandaises. L'ancien président de la Commission, qui n'a jamais vraiment eu à répondre de ces choix devant le parlement européen, a donc géré au mieux les intérêts du secteur financier dans une crise causée à l'origine par des produits vendus à la Grèce par Goldman Sachs qu'il rejoint à présent.

Un combattant contre la « mauvaise finance » ?

Certes, dans son interview au Financial Times, l'ancien premier ministre portugais, chef de file lors de la Révolution des œillets en 1974 du Mouvement révolutionnaire du prolétariat portugais (MRPP, maoïste) avant de rejoindre en 1980 le parti social-démocrate (PSD) de centre-droit, se présente comme celui qui a entamé un « effort global de régulation et de supervision » de la finance. Mais son bilan, de ce point de vue, reste contestable. Le projet Barnier de séparation bancaire, assez timide, a été abandonné. L'union bancaire n'a pas été conclue sous la direction de José Manuel Barroso et montre déjà ses limites en Italie ces derniers jours. Surtout, les lendemains du Brexit montrent clairement que le risque d'une crise financière n'est pas écarté. Qu'une banque aussi fragile que Deutsche Bank puisse continuer à menacer comme une épée de Damoclès sur l'Europe prouve aussi que les efforts de l'ancien président de la Commission ont été pour le moins insuffisant.

Effet désastreux pour l'UE

En réalité, les déclarations de José Manuel Barroso, qui se dit « très impressionné par l'engagement de Goldman Sachs pour les niveaux les plus élevés en termes d'éthique » et par la « culture d'intégrité et de responsabilité » de l'entreprise, sonnent comme les reflets un cynisme parfait. De tels engagements ne peuvent manquer de soulever des questions quant à l'action présente des dirigeants européens. Voir un ancien chef de l'exécutif de l'Union européenne chercher à aider une banque à gérer au mieux le Brexit ne peut manquer de soulever des questions sur l'engagement quant à l'intérêt général européen des dirigeants de l'UE. A l'heure où le successeur de José Manuel Barroso, Jean-Claude Juncker est très contesté et où l'UE peine à tirer les leçons du vote britannique, cette nomination est particulièrement mal venue et pourrait avoir un effet désastreux.

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MAJ
Barroso, un scandale révélateur
Par Jacques Sapir, le 11 juillet 2016 - RussEurope

Monsieur Barroso s’est fait embaucher par Goldman-Sachs, et cela a fait scandale[1]. Certains ont trouvé étonnant que l’ancien responsable de la Commission européenne aille se vendre à une banque d’affaires américaine[2]. Ce qui peut susciter l’étonnement est plutôt leur étonnement. Car, les relations incestueuses des grands responsables européens avec les grandes banques d’affaires ne datent pas de hier, ni d’avant-hier. De fait, qu’il s’agisse de Mario Monti, ancien responsable de la Commission et ancien Premier-ministre italien, de Mario Draghi, ci-devant Président de la Banque Centrale Européenne, de Lucas Papademos, nombreux sont les dirigeants qui ont été élevés dans l’écurie Goldman Sachs ou qui retournent dans le giron de cette banque. Plutôt que de se scandaliser, avec retard et sans grands effets, il eut mieux fallu empêcher cela, et considérer que – si l’Union européenne doit être indépendante de la finance américaine – un mur d’airain devait être dressé entre ces mondes. Mais peut-être, en vérité, ne l’a-t-on pas voulu. Peut-être bien que l’Union européenne est simplement un instrument de la « haute finance » américaine. D’ailleurs, n’est-ce pas cette même Goldman Sachs qui avait aidé le gouvernement grec à maquiller ses comptes en 2001, et ce au su et au vu de Bruxelles ? Si telle est la vérité, alors il n’y a pas de quoi se scandaliser de l’attitude d’un Barroso aujourd’hui et d’un autre, pourquoi pas Moscovici, demain. L’indignation de certains, comme l’éditorialiste du journal Le Monde[3], est donc mal placée. Il faudrait réfléchir à ce qu’a été depuis 15 ans l’UE pour les peuples européens. Mais que voulez-vous, et pour plagier feu le regretté Jacques Brel, « chez ces gens là, Monsieur, on ne pense pas, on compte.. »[4].

Il est cependant intéressant de lire ce que dit, et ce que pense, Juan-Manuel Barroso. Le discours qu’il prononça au début du printemps 2014 en Californie, à l’université de Stanford[5] est, à cet égard, parfaitement exemplaire de l’imaginaire du personnage, et avec ce dernier de nombreux parmi les dirigeants européens. On a eu tendance à railler son manque (évident) de charisme. C’est oublier que le charisme n’est une qualité indispensable que dans un univers où les décisions sont prises par des dirigeants identifiables et (si possible…) élus. Mais, quand la décision est prise par une bureaucratie anonyme, cette qualité s’avère en réalité un défaut. Barroso est donc très représentatif et en un sens exemplaire de l’idéologie de l’Union européenne. Au-delà, dans ce discours sont exprimées une série de notion d’une importance toute particulière.

L’imaginaire d’un rentier.

La première idée importante, et qui est exprimée sous l’aspect anodin d’une simple constatation, d’une « évidence », est celle d’un monde complètement dominé par les différents marchés. Cette métaphore n’est pas sans intérêt. C’est celle d’un monde sans aspérité, une « terre plate »[6]. On est donc dans un monde uni-dimensionnel qui ne connaît pas de géographie, comme il ne connaît pas d’histoire. C’est en fait l’image même qui est utilisée dans les versions les plus caricaturales de la théorie néoclassique en économie.

La Théorie de l’équilibre général a été constituée par un coup de force théorique de la part de Léon Walras, qui postula que l’on pouvait considérer l’économie comme un ensemble de marchés interdépendants à l’exception de toute autre situation[7]. Par ailleurs, la base même du raisonnement néoclassique repose sur la capacité pour les agents d’attribuer des valeurs monétaires à la totalité de leur environnement. Mais, dans le même temps, la monnaie est considérée comme parfaitement neutre dans l’économie néoclassique et elle est évacuée de la discussion par le biais de la Loi de Walras[8]. Or, un échange monétaire n’est pas assimilable à du troc pour une raison essentielle: l’existence d’une asymétrie d’information entre le producteur-vendeur et l’acheteur. L’évaluation monétaire de la valeur du bien est réputée limiter le problème d’asymétrie[9]. Dans un travail aujourd’hui relativement ancien mais qui reste sous certains égards inégalé, J.M. Grandmont apporte des arguments qui remettent sérieusement en cause cette perspective[10]. Il montre en particulier que le refus de prendre en compte la possibilité d’états de déséquilibre stable, refus justifié au nom de l’effet de richesse[11], implique soit une forme directe d’état stationnaire soit un ajustement instantané et entièrement prévisible. Ceci conduit à exclure toute situation d’incertitude du domaine de l’économie[12]. Même dans une situation de prix parfaitement flexibles, un équilibre n’est pas obtenu. Il faut cependant ajouter que la position de Grandmont reste fermement situé au sein d’un univers qui serait complètement probabilisable[13].

La neutralité de la monnaie, hypothèse centrale de la TEG, est loin d’être cohérente. Elle est incompatible avec le principe de dichotomie (soit les prix relatifs se forment dans le secteur réel et sont insensibles aux variations monétaires) si l’on raisonne avec des effets d’encaisses réelles et sous la Loi de Walras. La neutralité de la monnaie ne résiste pas à l’introduction d’hypothèses même moyennement réalistes quant au comportement des agents. Ce qui pourtant convainquit des économistes à se tourner vers cette approche fut son caractère totalisant. Pour la première fois on disposait d’un système à la fois global et cohérent d’explication de l’économie, où cette dernière n’avait d’autre référence qu’elle-même[14]. Tout ce qui constituait des aspérités du monde réel, l’existence d’organisations, de Nations, de classes sociales, disparaissait. Il ne restait plus que l’économie comme ordre suprême, dans un mécanisme ou elle s’auto-définit elle même. C’est exactement cette vision, il faut bien dire délirante, que reprend Juan-Manuel Barroso. Délirante, certes, mais qui permet de justifier la politique de la BCE et surtout l’ouverture à la dérégulation financière de l’UE. Tiens donc, comme c’est curieux…Car, les apôtres de cette dérégulation financière furent sans conteste les économistes de Goldman Sachs.

La rencontre des contraires

Cette vision, en réalité, c’est la vision du rentier, comme l’avait montré, dès le début du XXème siècle, Nicolas Boukharine[15]. En ce sens, un certain le marxisme, même s’il se présente comme une critique de l’économie politique classique, entretient des liens importants avec la tradition qui émerge au XVIIIème siècle. Et, dans cette tradition, la démarche de Walras occupe une place importante à la fin du XIXe siècle. De fait, un certain marxisme, qui oublie l’histoire, la géographie, et tout ce qui fait la complexité des sociétés humaines, se retrouve de concert avec la pensée de Léon Walras pour défendre une vision mathématique et unidimensionnelle des sociétés. Ce marxisme, aussi réducteur que le sont les pratiques des Jivaros sur les têtes de leurs ennemis, c’est l’idéologie dans laquelle a baigné le jeune Barroso quant il eut des faiblesses pour un mouvement maoïste portugais, le MRPP. Il est donc moins étonnant qu’il pourrait paraître qu’il se soit rallié à cette idéologie, et il faux bien le dire aux gras émolument qu’elle peut engendrer quand on a les bons contacts. Le jeune Barroso défendait la dictature du prolétariat ; celui qui entre à Goldman Sachs après avoir sévi en Europe a abandonné le prolétariat, mais conservé la dictature.

On peut demander quelles sont donc l’économie et la société que nous décrivent les diverses variantes de la Théorie de l’Équilibre Général de Léon Walras. En effet, le « réalisme » n’est pas, on l’a vu, le point fort de cette théorie. Non au sens d’un rapport étroit à la réalité, que l’on n’a pas à attendre d’une théorie, mais à travers la construction de concepts et d’idéaux-types dont il est facile de montrer qu’ils n’entretiennent que des rapports des plus ténus avec le monde réel. Pourtant, ce sont les possibilités de généralisation que cette théorie offre qui ont constitué ses atouts les plus forts. Ils permettent de comprendre comment celle-ci a pu se constituer en “théorie standard” en économie[16]. En un sens, le succès de cette théorie est une victoire de la forme sur le fond. On comprend alors son pouvoir de fascination sur les économistes, pouvoir qui fut renforcé par l’élaboration d’une formulation moderne de son axiomatique par Arrow et Debreu[17]. Pourtant, à travers l’exploration des différentes dimensions de cette théorie, le mécanisme de coordination, le rapport au temps, et les hypothèses sur la nature des flux et des acteurs, se dévoile son incapacité à penser réellement la décentralisation, c’est-à-dire le fait que des actions qui font sens pour la société sont initiées de manières séparées et indépendantes. Il y a ici un paradoxe fondamental de la science économique contemporaine, qu’il est illusoire espérer dépasser à travers une surenchère dans la formalisation mathématique[18].

Ceci renvoie aux legs d’une tradition mécaniste qui a lourdement pesé sur les fondateurs, y compris A. Smith, de l’économie politique moderne, mais dont les aspects néfastes n’ont véritablement éclaté qu’avec la constitution de la TEG en “théorie standard”[19].

La Théorie de l’Equilibre Général émerge comme la position naturelle de la majorité des économistes. Chalmers Johnson, grand spécialiste de l’économie japonaise, a ajouté perfidement que la proportion des économistes américains couronnés par ce prix était corrélative au déclin de l’économie américaine[20]. Sous cette pointe polémique se cache un problème bien réel. La force de la de cette théorie tient tout autant de sa capacité socialement normative liée à sa prégnance dans les institutions académiques qu’à sa capacité à répondre ou à intégrer les critiques qui lui sont faites. Confrontée à de nouveaux débats, dont par exemple celui sur l’organisation, la Théorie de l’Equilibre Général perd progressivement sa sa cohérence[21]. Ce processus accélère ses tendances latentes à se transformer en un pur discours normatif, au détriment de ses fonctions descriptives, prédictives ou interrogatives. On assiste alors à la constitution de la cette théorie économique en une orthodoxie au sens religieux du terme, avec tous les raidissements idéologiques et politiques que cela implique. Ce glissement du champ de la spéculation scientifique à celui du contrôle idéologique, au sens d’une tentative de normer les représentations de la réalité, est certainement l’indice le plus sur que la Théorie de l’Equilibre Général s’est transformée en une simple idéologie et n’a désormais plus rien de scientifique. Et c’est cela qui intéresse les banques, et Goldman Sachs au premier lieu. Barroso, et ses semblables, apparaissent idéalement placés pour faire entrer de grès ou de force, et plus par la force que par le bon grès, la réalité dans le moule qui convient le mieux aux activités financières.

Une soumission sans faille à la mondialisation.

La mondialisation est alors présentée par Barroso dans son discours de Stanford comme un « contexte » mais non comme un objectif. Mais alors d’où vient ce contexte ? Existerait-il des « forces » surhumaines qui seraient en mesure de façonner le monde ne nous laissant plus à nous, pauvres humains, qu’une simple tache d’adaptation ? Que signifie donc cette « naturalisation » de l’Histoire ?

La mondialisation a été porteuse de bien des passions, souvent contradictoires. Elle a été adulée par les uns, tout comme elle fut, et elle reste, vilipendée par les autres. Elle a eu ses thuriféraires comme ses opposants acharnés. Le monde a connu bien des épisodes de flux et de reflux dans les liens économiques, et financiers. Rien de plus normal que l’on assiste à un certain retour au cadre national. Il est en effet clair que la mondialisation n’est plus « soutenable ». Elle commence à poser des problèmes, qu’ils soient sociaux, écologiques ou mêmes politiques[22], tout à fait dramatiques dans nombre de régions du globe. La mondialisation s’est avérée incapable d’aider les pays en voie de développement[23], en dehors de ceux qui ont maintenu des politiques nationales très développées[24]. Bien loin d’avoir promu l’intérêt général ou l’intérêt des plus pauvres[25], elle a été au contraire un moyen pour « tirer l’échelle » sur laquelle voulait monter les pays en développement[26]. Il n’en reste pas moins que la question de la raison de la mondialisation est posée. Elle a été une puissante arme dans les mains des dominants pour tenter de reprendre tout ce qu’ils avaient concédé des années 1950 aux années 1970. La mondialisation a conduit à de profondes régressions sociales dans les pays développés. De ce point de vue, elle apparaît comme une politique qui « appauvrit les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays pauvres »[27].

Pour atteindre ses buts, il fallait cependant la présenter comme un processus naturel, et il fallait mettre en scène les différentes figures de l’impuissance de l’Etat. Le passage progressif à la mondialisation a ainsi permis de faire passer, dans les principaux pays européens, les mesures destinées à faire baisser, en termes relatifs ou absolus, les salaires et surtout les salaires d’ouvriers. Ceci a été présenté comme le produit d’une évidence, d’une sorte de « loi de la nature ». Il n’y avait pourtant rien de « naturel » à cela. Les transformations du cadre d’insertion international sont bien le produit de politiques, et ces politiques sont en réalité menées par les Etats. Mais, par l’illusion d’une « contrainte extérieure » s’appliquant hors de toute politique, et cela même alors qu’elle en est le produit direct, ce discours a produit un mécanisme progressif d’acceptation des mesures qui étaient ainsi préconisées. On perçoit mieux maintenant ce à quoi tend le discours de personnes comme Barroso. Construisant le mythe d’une mondialisation-contexte, il vise à en faire oublier les objectifs.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à un basculement de paradigme dont on ne sait certes pas encore ni le temps qu’il prendra, ni les formes qu’il adoptera, mais dont chaque jour nous voyons de nouveaux signes. C’est pourtant le moment que choisit Barroso pour s’en faire le chantre. L’Union européenne telle qu’elle existe, a toujours été le fer de lance de cette mondialisation. Ici encore, il faut y voir tant le poids d’une idéologie que celui d’intérêts économiques bien structurés au sein d’une partie de la classe dominante.

L’Union européenne s’est ainsi jetée tête baissée dans un processus d’ouverture au libre-échange généralisé. On connaît le mot de Jacques Delors : « L’Europe protège mais n’impulse pas. ». Il contient en réalité un double mensonge. L’Europe n’a jamais protégé et elle impulse, en réalité, et souvent dans des conditions d’une totale opacité, ce processus de mondialisation. En fait, dès le début des années 1990, l’Europe s’est progressivement transformée en « meilleure élève » de l’ouverture avec des conséquences importantes sur ses salariés. Loin d’être ainsi un contexte, il s’agit bien d’un objectif pour l’UE, et par voie de conséquence pour monsieur Barroso. On peut le constater avec les négociations des traités CETA et TAFTA que l’UE continue de mener dans la plus totale obscurité.

La haine de l’Etat-Nation

Mais Barroso ne se contente pas, dans son discours, de faire l’apologie du monde « tel qu’il est » parce que c’est celui dont il profite. Il profère des menaces, et se risque à des prophéties apocalyptiques dans le cas où l’on remettrait ce monde en cause. En même temps qu’il cherche à effrayer son auditoire, ou son lecteur, Juan-Manuel Barroso présente une alternative, et c’est là que se dévoile le fond de sa pensée. L’Europe, définie comme l’Union Européenne, ce qui n’est ni sans conséquences ni sans soulever un certain nombre de questions, est alors présentée comme étant « ni un super-Etat, ni une organisation internationale ». Elle serait, au contraire, un projet « sui-generis », qui résulterait de la libre volonté des Etats de mettre en commun leur souveraineté afin de résoudre des problèmes communs[28]. Barroso sombre ensuite dans l’autosatisfaction, et décerne à l’UE des louanges dont, à regarder les dernières élections européennes, on peut penser qu’elles ne sont pas partagées. L’Europe « …a été un petit laboratoire de la mondialisation, un incubateur de la coopération internationale et d’une gouvernance à plusieurs niveaux pour plusieurs décennies. Et je suis heureux de dire qu’elle a été une expérimentation très réussie »[29]. Entre un avenir qui se présente comme radieux, et des alternatives lourdes de menaces ; comment ne pas choisir ? Il est dommage que Monsieur Barroso n’ait pas demandé leur avis aux grecs, aux portugais, aux espagnols et aux italiens. De fait, ls britanniques ont donné leurs avis sur cette question, et ce fut très clair ! Il convient alors de défendre à tout prix le modèle d’ouverture extrême qui caractérise l’UE. A cet égard, une autre citation du même discours est très révélatrice : « Mais, mettre en cause notre modèle de régionalisme ouvert reviendrait à mettre en cause l’existence même de l’Union Européenne »[30].

Décryptons le discours. L’Union européenne n’est pas un « super-état », bien entendu. Ce simple concept doit faire frémir d’horreur tout Bruxelles, et jeter les habitants du Berlaymont dans des transes d’effroi. En fait, se situant dans un « entre-deux », Barroso, et avec lui les différents bureaucrates européens, espèrent bien être quitte de l’interrogation en démocratie, désormais récurrente à propos de l’Union européenne. L’UE n’est pas un « super-état » ? Fort bien, on n’a donc pas à faire la démonstration qu’il existe un « peuple européen », ni à mettre ces institutions sous le contrôle d’une souveraineté populaire. Mais l’UE n’est pas, non plus une « organisation internationale ». ce point est important. Si l’on considère que l’UE est bien une organisation internationale, alors le droit de coordination l’emporte sur le droit de subordination. Les décisions ne peuvent être prises qu’à l’unanimité des Etats participants, et le contrôle de la souveraineté populaire se recompose, certes de manière indirecte, mais tout à fait réelle. En affirmant péremptoirement que l’UE est un projet « sui generis », Barroso et ses confrères s’exonèrent de tout contrôle démocratique et enterrent ainsi le principe de souveraineté nationale, mais sans le remplacer par un autre principe. C’est le fait du Prince dans toute sa nudité, certes caché dans une formule dont Jean de La Fontaine[31] apprécierait l’hommage (involontaire) à sa fable de la Chauve Souris et des Deux Belettes : « Je suis Oiseau : voyez mes ailes;
Vive la gent qui fend les airs !…. Je suis Souris : vivent les Rats;
Jupiter confonde les Chats ». De fait, j’avoue que je n’aime pas la version politique de ces petits animaux[32].

Cette volonté farouche de faire disparaître du champ politique le principe de la souveraineté ne peut se justifier que par une volonté de faire disparaître aussi le principe de démocratie.

Voilà donc ce qui se cache derrière Monsieur Barroso, et quelques autres. Une haine farouche, hystérique, de la démocratie parce qu’elle peut remettre en cause, à tout instant, leurs prébendes et leurs privilèges. Après tout, que Barroso et ses amis aillent à Goldman Sachs n’est pas un problème. Ce qui l’est, c’est ce qu’ils ont fait quand ils étaient aux commandes de l’Union européenne. Alors, qu’ils aillent donc à New York ou au Diable de Vauvert ; et qu’ils y restent ! Car, ce qui les attend en Europe, c’est vraisemblablement une pique et leur tête au bout.

[1] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/11/31002-20160711ARTFIG00069-barroso-a-goldman-sachs-l-arrogance-de-l-europe-d-en-haut-envers-l-europe-d-en-bas.php

[2] Voir la réaction d’un journal portugais : « Reações: Barroso acusado de “gangsterismo financeiro” », http://expresso.sapo.pt/politica/2016-07-08-Reacoes-Barroso-acusado-de-gangsterismo-financeiro

[3] http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/11/jose-manuel-barroso-l-anti-europeen_4967644_3232.html

[4] https://www.youtube.com/watch?v=JxqNP2O4N1w

[5] Barroso J-M., Speech by President Barroso: « Global Europe, from the Atlantic to the Pacific », Speech 14/352, discours prononcé à l’université de Stanford, 1er mai 2014.

[6] Barroso J-M., op.cit. La citation exacte est : « Some have even called it a flat world – meaning that fluidity has replaced structure, with no state able to dominate or dictate »

[7] L. Walras, Éléménts d’économie politique pure ou théorie de la richesse sociale, Pichon et Durand-Auzias, Paris, 1900.

[8] Voir Walras L., Théorie Mathématique de la Richesse sociale, (1863) Otto Zeller, Osnabrück, 1964. Pour une analyse des implications de la Loi de Walras, J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge University Press et Éditions de la MSH, Londres-Paris, 1983, pp. 10-13.

[9] A.V. Banerjee et E.S. Maskin, « A walrasian theory of money and barter », in Quarterly Journal of Economics , vol. CXI, n°4, 1996, novembre, pp. 955-1005. Voir aussi A. Alchian, « Why Money? », in Journal of Money, Credit and Banking, Vol. IX, n°1, 1977, pp. 133-140.

[10] J.M. Grandmont, Money and Value , Cambridge University Press et Éditions de la MSH, Londres-Paris, 1983.

[11] Sur ce point l’article fondateur est A.C. Pigou, “The Classical Stationary State” in Economic Journal , vol. 53, 1943, pp. 343-351. Une version moderne du raisonnement est présentée dans D. Patinkin, Money, Interests and Prices, Harper & Row, New York, 1965, 2ème édition.

[12] Le défenseur le plus radical de cette position est R. Lucas, “An Equilibrium Model of Business cycle”, in Journal of Political Economy , vol. 83, 1975, pp. 1113-1124.

[13] J.M. Grandmont, “Temporary General Equilibrium Theory”, in Econometrica, vol. 45, 1977, pp. 535-572.

[14] A. Insel, “Une rigueur pour la forme: Pourquoi la théorie néoclassique fascine-t-elle tant les économistes et comment s’en déprendre?”, in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, éditions la Découverte, Paris, 1994, pp. 77-94. voir aussi G. Berthoud, “L’économie: Un ordre généralisé?”, in Revue Semestrielle du MAUSS, n°3, op.cit., pp. 42-58.

[15] Boukharine N., L’économie politique du rentier, édition originale en russe. Traduction française L’économie politique du rentier, critique de l’économie marginaliste, Paris, Études et documentation internationales, 1967.

[16] Favereau O., “Marchés internes, marchés externes”, in Revue Économique, vol. 40, n°2/1989, mars, pp. 273-328.

[17] La présentation canonique étant G. Debreu, Theory of Value: an axiomatic analysis of economic equilibrium, Yale University Press, New Haven, 1959.

[18] Voir M. Morishima, “The Good and Bad Use of Mathematics” in P. Viles & G. Routh, (edits.), Economics in Disarray , Basil Blackwell, Oxford, 1984.

[19] Sur le mécanicisme et le réductionisme en économie voir: N. Georgescu-Roegen, « Mechanistic Dogma in Economics », in Brittish Review of Economic Issues, n°2, 1978, mai, pp.1-10; du même auteur, Analytical economics, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1966. G. Seba, « The Development of the Concept of mechanism and Model in Physical Science and Economic Thought », in American Economic Review – Papers and Proceedings , vol.43, 1953, n°2, mai, pp.259-268. G.L.S. Shackle, Epistemics and Economics : a Critique of Economic Doctrines, Cambridge University Press, Cambridge, 1972.

[20] Johnson C., Japan, Who Governs?, Norton, New York, 1995.

[21] Favereau O., “Marchés internes, marchés externes..” op. cit..

[22] A. Langer, « Horizontal Inequalities and Violent Group Mobilization in Côte d’Ivoire », Oxford Development Studies, vol. 33, n° 1, mars 2005, p. 25-44.

[23] C. Oya, « Agricultural Maladjustment in Africa: What Have We Learned After Two Decades of Liberalisation? », Journal of Contemporary African Studies, vol. 25, n° 2, 2007, p. 275-297.

[24] H.-J. Chang, « The Economic Theory of the Developmental State » in M. Woo-Cumings (dir.), The Developmental State, Ithaca, Cornell University Press, 1999. D. Rodrik, « What Produces Economic Success?  » in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with Equity: Challenges for Latin America, Londres, Palgrave Macmillan, 2007.

[25] T. Mkandawire, « Thinking About Developmental States in Africa », Cambridge Journal of Economics, vol. 25, n° 2, 2001, p. 289-313.

[26] H.-J. Chang, Kicking away the Ladder: Policies and Institutions for Development in Historical Perspective, Londres, Anthem Press, 2002Londres, Anthem Press, 2002.

[27] Sapir J., La démondialisation, Le Seuil, Paris, 2010.

[28] Barroso J-M, « It is neither a superstate nor an international organisation. It is a sui generis project composed of sovereign states who willingly decided to pool their sovereignty in order to address better their common problems »

[29] Idem, « In fact Europe has been a small laboratory of globalisation, an incubator of international cooperation and multi-layered governance for several decades. And I am glad to say that it has been a very successful experiment ».

[30] Idem, « But to put in cause our open regionalism model is to put in cause the very existence of the European Union ».

[31] Et avant lui Esope, mais ceci est une autre histoire….

[32] https://www.youtube.com/watch?v=mMD5CZSE6JA


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Barroso, Draghi et bien d'autres chez Goldman Sachs : l'Europe c'est la Paie !
Par Coralie Delaume, le 9 juillet 2016 - L'arène nue

L'affaire a fait quelques vagues : José Manuel Barroso vient d'être recruté par la banque d'affaires Goldman Sachs pour lui servir de conseiller dans la gestion du Brexit. « José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs, et notamment une profonde compréhension de l'Europe », a indiqué la banque dans son communiqué.

Un joli petit carnet d'adresses également, aurait-elle dû préciser, car « José Manuel » ( on est cool-raoul chez GS : on se claque des bises et on s'appelle par le prénom ) « a servi comme président de la Commission européenne de 2004 à 2014, et en tant que premier ministre du Portugal de 2002 à 2004 ».

Et quel président de la Commission fut il ! Comme l'explique ici l'eurodéputé Emmanuel Maurel, c'est sous son règne, par exemple, qu'a été lancé le projet de Traité de libre-échange transatlantique : « le TAFTA est plutôt une idée européenne, en tout cas au départ. C'est la Commission Barroso qui a ouvert ce débat, en partant du constat d'une croissance faible et d'un niveau de chômage élevé, et parce que les économistes de la Commission sont incapables d'imaginer autre chose que de la dérégulation pour y remédier. Ils ont donc recherché quel était le grand marché qui pourrait tirer la croissance européenne, et dont le modèle serait proche du nôtre. La Commission s'est naturellement tournée vers les États-Unis, d'autant que José Manuel Barroso est lui-même un atlantiste éperdu ».

Éperdu, on peut le dire. Et ça n'a pas peu joué dans certains des choix qu'il a faits en tant que Premier ministre lusitanien. Il y a quelques jours était publié en Grande-Bretagne le rapport Chilcot, qui rappelle à notre bon souvenir les conditions dans lesquelles s'effectua l'invasion de l'Irak en 2003. Le moment est donc idéal pour rappeler le rôle que « José Manuel », ami de Tony Blair, joua dans cette affaire.

Dans un portrait sans complaisance de José Manuel Barroso, Jean Quatremer explique par exemple ici : « alors Premier ministre du Portugal, [Barroso] accueille avec empressement, le 16 mars 2003 aux Açores, le fameux « sommet » réunissant George W. Bush, Tony Blair et José María Aznar, au cours duquel la guerre [en Irak] fut lancée ». Le journaliste de Libération précise ici : « [Barroso] a ensuite joué un rôle trouble dans le transfert des prisonniers vers Guantanamo, laissant les avions de la CIA emprunter les aéroports et l’espace aérien portugais. Jamais il n’a regretté son soutien indéfectible à George W. Bush ». Ainsi, de deux choses l'une : soit Jean Quatremer s'est brutalement mué en « europhobe complotiste » voyant la main diabolique des Zétazuniens et de la CIA à l’œuvre partout. Soit - et c'est le plus probable - « Jojo-Manu » a donné les gages nécessaires pour lui permettre d'être recruté à terme par une grande banque américaine. Ce qui est désormais chose faite.

Ceci dit, il y a ceux qui vont se finir chez Goldman Sachs, et il y a ceux qui y commencent. Quel meilleur endroit, en effet, pour s'initier au beau métier d'Européen professionnel ?

Mario Draghi, notre Banquier central, a donc fait GS d'abord, et l'Europe ensuite. Plus précisément, il a œuvré au sein de la banque d'affaires de 2002 à 2005. Or en 2000, la filiale britannique de GS, Goldman Sachs International, avait vendu au gouvernement grec de Kóstas Simítis des « conseils » et autres « solutions » lui permettant de masquer une partie de sa dette, et de remplir les critères aptes à qualifier le pays pour l'euro. Certes, c'était deux ans avant l'arrivée de Draghi. Mais celui-ci peut-il vraiment, comme il l'a toujours affirmé, n'en avoir rien su ? Les produits dérivés à base d'obligations grecques utilisés pour l'entourloupe ont tout de même été conservés par GS jusqu'en 2005, date à laquelle ils ont été revendus à la National Bank of Greece. Pendant tout ce temps, Draghi occupait les fonctions précises de....« vice-président pour l'Europe-Goldman Sachs International, entreprises et dette souveraine »....

En tout cas, l'Italien a eu tout le temps de regretter son « ignorance ». Car le moins que l'on puisse dire, c'est que l'appartenance grecque a l'euro lui a donné du boulot.

La Banque centrale européenne, en effet, a été aux avants-postes du travail de sape entrepris contre le gouvernement Syriza entre janvier et juillet 2015. C'est elle avant tous les autres - avant même le ministre allemand Wolfgang Schäuble - qui a obtenu la capitulation d'Alexis Tsipras et la signature par celui-ci du mémorandum de juillet 2015. Elle était la seule, en effet, à disposer des instruments techniques permettant d’affaiblir suffisamment le pays, et de l'obliger à rendre les armes.

Or Mario Draghi n'y est pas allé de main morte. Dès le début du mois de février 2015, à peine Tsipras arrivé aux responsabilités, la BCE coupait l'accès des banques commerciales grecques à la procédure de refinancement normal. Elle les réduisait à se financer via la liquidité d'urgence ( Emergency Liquidity Assistance, ELA ), les mettant ainsi à la merci d'une Banque centrale seule capable de réévaluer régulièrement le plafond de cet ELA. La BCE le fit d'ailleurs au compte gouttes, et toujours en fonction de la tournure prises par les négociations entre la Grèce et ses créanciers.

Enfin, sitôt connue la décision d'Alexis Tsipras d'organiser le référendum du 5 juillet 2015, le plafond de l'ELA fut bloqué, et les banques grecques contraintes de fermer. Le but était bien sûr de générer un sentiment de panique et de peser sur les résultats du scrutin. Ce fut en vain, et le « Oxi » l'emporta largement. Mais les banques hellènes étaient déjà fort mal en point, et le pays à bout de fatigue. On connaît la suite : le « non » fut converti en « oui », le référendum oublié, et le mémorandum signé.

Il serait dommage, tant qu'on en est a se rappeler le temps du maquillage des comptes publics grecs, de ne pas évoquer l'un de ceux qui, en tant que gouverneur de la Banque centrale hellénique jusqu'en 2002, y participa. Lucas Papademos, par ailleurs ancien vice-président de la Banque centrale européenne (2002-2010) fut ensuite nommé premier ministre en Grèce pour y prendre la tête d'un gouvernement de technocrates (pardon, d'un gouvernement « d'union nationale ») chargé de résoudre.... la crise de la dette. Lucas Papademos est passé par Goldman Sachs.

Il serait dommage, tant qu'on en est à se rappeler le temps des gouvernements de technocrates (pardon, des gouvernements « d'union nationale ») dans les pays d'Europe du Sud, de ne pas évoquer celui de Mario Monti, ancien conseiller de la banque d’Italie, ancien commissaire européen, et devenu président du Conseil en Italie en 2011. Mario Monti est passé par Goldman Sachs.

Il serait dommage, tant qu'on en est à....
Bon, ça suffit maintenant. Il y en a d'autres. Pour savoir qui ils sont, on consultera par exemple cet article du site Rue89, ou celui-ci, paru dans Le Monde.

Après ça, si l'on n'en a pas encore marre, si l'on souhaite faire une thèse dessus voire si l'on ambitionne de devenir à terme un spécialiste mondialement reconnu du sujet, on pourra voir ce documentaire d'Arte daté de 2012, consacré à Goldman Sachs et dont voici la vidéo de présentation.
[ Nota : merci d'éloigner les enfants avant de cliquer sur la vidéo car rien ne permet d'affirmer avec certitude qu'il ne s'agit pas en réalité d'un film d'Hitchcock ].



Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde - Extrait

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Vidéo entière : Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde



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