mercredi 13 avril 2011

Patrick Carré


Patrick Carré, né en 1952, est un sinologue et un tibétologue, traducteur, essayiste et écrivain français.
Son œuvre comprend en particulier un nombre considérable de traductions à partir du chinois, du tibétain et du sanskrit de textes majeurs du bouddhisme du Grand Véhicule (Mahâyâna). Il est auteur de six romans, dont deux ont été récompensés.
Directeur de la Collection "Trésors du Bouddhisme" chez Fayard, Patrick Carré est également membre du Comité de traduction Padmakara rattaché au centre d'études bouddhiques de Chanteloube, en Dordogne, près duquel il vit.
En 1987, Patrick Carré, Marie-José Lamothe, André Velter et Eric Chazot voyagent au Tibet et réalisent Tibet 87, renaissance ou illusion , une série d'émissions sur France Culture consacrées au Pays des Neiges 2,3.
Source du texte : wikipedia
Site : Fanglong (depuis toujours il n'y a rien)
Blog : nonihil (ni rien ni autre chose)
Ancien blog : nonihil (bricosophie stupide)


Bibliographie :

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Traductions de textes bouddhiques :
- Les Entretiens de Houang-po, maître tch'an du IXe siècle, Les Deux Océans, 1985 ; Seuil, « Points-Sagesse », 1994.
- Le Chemin de la Grande Perfection, par Patrul Rinpoche, traduit du tibétain en collaboration avec Christian Bruyat, éditions Padmakara, 1987.
- Comprendre la vacuité, deux commentaires du chapitre IX de La Marche vers l'Éveil de Shântideva, traduction du tibétain de Khentchen Kunzang Palden, « - L'Ambroisie des paroles de Mañjushrî », et de Minyak Kunzang Seunam, « Le Flambeau étincelant », Saint-Léon-sur-Vézère, éditions Padmakara, 1993.
- Cela dépend de vous : toast avec et sans espoir, Casse dogme, in Tchögyam Trungpa, Folle Sagesse, Seuil, 1993, p. 181-186.
- Le Choral du Nom de Mañjushrî, Ârya-Mañjushrî-Nâmasangîti, tantra traduit du tibétain, Arma Artis, 1995.
- Houei-neng, Le Soûtra de l'estrade, présentation, traduction et commentaire, Seuil, « Points-Sagesse », 1995.
- XIVe Dalaï-Lama, Pacifier l'esprit, une méditation sur les quatre nobles vérités du Bouddha : exposé des quatre nobles vérités à la lumière des deux vérités fondamentales de la Voie Médiane, transcrit par Jigmé Khyentsé Rinpoché et traduit du tibétain, Albin Michel, 1999.
- XIVe Dalaï-lama, Le pouvoir de l'esprit, Entretiens avec des scientifiques, traduction de l'anglais (américain), Fayard, 2000.
- Soûtra de la Liberté inconcevable, les enseignements de Vimalakîrti, traduction du chinois, Fayard, « Trésors du bouddhisme », 2000.
- Stephen Batchelor & Nagarjuna, Versets jaillis du centre, une vision bouddhiste du sublime, traduction de l'anglais, Publications Kunchab (Belgique), 2001.
- in Soûtra du Diamant et autres soûtras de la Voie médiane, Fayard, Trésors du bouddhisme, 2001 :
   Soûtra du Cœur de la Connaissance transcendante, traduction du sanskrit.
   Soûtra de la Connaissance transcendante en une seule formule d'éveil, traduction de la version chinoise de Kumârajîva
   Soûtra du Cœur de la Connaissance transcendante, traduction de la version chinoise de Xuanzang
   Brève introduction à la traduction du Shâlistamba-sûtra (Soûtra du Riz en herbe) à partir de la version chinoise de Dharmapâla
- Soûtra du Riz en herbe, traduit du chinois
- Abhayadatta, Mahasiddhas, La vie de 84 sages de l'Inde, traduit du tibétain en collaboration avec Christian Bruyat, éditions Padmakara, 2003.
- Sengzhao, Daosheng et Kumârajîva, Introduction aux pratiques de la non-dualité, Commentaire du Soûtra de la Liberté inconcevable, traduction du chinois, Fayard, « Trésors du bouddhisme », 2004.
- Soûtra des Dix Terres, Dashabhûmika, traduction du chinois, Fayard, « Trésors du bouddhisme », 2004
- Soûtra du Filet de Brahmâ, traduction du chinois, Fayard, « Trésors du bouddhisme », 2005
- Soûtra de l'Entrée à Lankâ, traduit de la version chinoise de Shiksânanda. Trésors du bouddhisme, Fayard 2006.
- Les Mystères essentiels de l'Entrée à Lankâ (Ru Lengjia xin xuanyi), Fazang, traduction du chinois, Paris, Fayard, « Trésors du bouddhisme, 2007.
- Perles d'ambroisie, de Kunzang Palden, traduction du tibétain en collaboration avec C. Bruyat, Saint-Léon-sur-Vézère, éditions Padmakara, 3 volumes : vol. I, avril 2006 ; vol. II, décembre 2006 ; vol. III, sept 2007.
Bodhicaryâvatâra. La Marche vers l'Eveil, Shântideva. Nouvelle traduction du tibétain, en collaboration avec C. Bruyat, Saint-Léon-sur-Vézère, éditions Padmakara, octobre 2007.
- Mûlamadhyamakakârikâ, Les Stances fondamentales de la Voie médiane de Nâgârjuna. Traduction du tibétain, Plazac, éditions Padmakara, juin 2008.
- Le lotus blanc, Explication détaillée de la Prière en Sept Vers de Gourou Rinpoché, de Mipham Namgyal. Plazac, Editions Padmakara, 2009.
- Le Trésor de précieuses qualités de Jigmé Lingpa, commenté par Longchen Yéshé Dorjé Kangyour Rinpoché, Quintessence de l'ambroisie des Trois Véhicules, vol. I, Véhicule Causal des caractéristiques, Plazac, Editions Padmakara, 2009.

Poésie et littérature chinoises :
- Le Mangeur de brumes, Phébus, 1985.
- La Montagne vide : anthologie de la poésie chinoise, en collaboration avec Zéno Bianu, Albin Michel, 1987.
- Les Saisons bleues, l'œuvre de Wang Wei, poète et peintre, Phébus, 1989.
- Les mandalas du Yi-king, Thomas Cleary, traduction de l'américain, éditions Librairie de Médicis, 1990.
- Th. Cleary, L'Art de gouverner, le livre des maîtres du Sud-de-Houai, traduction de l'américain et du chinois d'une anthologie du Huainanzi, Calmann-Lévy, 1999.
- Le Livre de la Cour Jaune, classique taoïste des IVe-Ve siècles présenté, traduit du chinois et annoté, Seuil, « Points-Sagesse », 1999.

Romans :
- Le Palais des nuages, Phébus, 1989, prix du Premier Roman, prix Gutemberg de l'Espoir des lettres françaises.
- Yavana, Phébus, 1991.
- L'Immortel, Philippe Picquier, 1992.
- Les Petits Chaos de l'étudiant Liu, Albin Michel, 1992.
- Un rêve tibétain, Albin Michel, 1994, prix Alexandra David-Néel.
- La Perle du Dragon, Albin Michel, 1999.

Essais et divers
- D'Élis à Taxila, éloge de la vacuité, Criterion, 1991 ; Nostalgie de la vacuité, édition revue et corrigée, Société nouvelle des éditions Pauvert, 2000.
- Dieux, tigres et amours, miniatures indiennes du xve au xxe siècle (texte), Seuil, 1993, 139 p.
- Crémation (deuil) au Bhoutan, magazine GÉO, n° 170, avril 1993, p. 34-49.
- Les Chamanes, Piers Vitebsky (trad. de l'anglais), Albin Michel, 1995.
- Cornes de lièvre et plumes de tortue, contes populaires du Tibet, Seuil, « La mémoire des sources », 1997.
- La Terre durera toujours, poèmes amérindiens avec des photos d'Edward S. Curtis, Seuil, 1998.
- Nostalgie de la vacuité, d'Elis à Taxila, essai, Pauvert, 2000.
- L'esprit du Népal, les Newars et les dieux, avec des photographies de B. de Camaret, Seuil, 2000.
- Pyrrhon : Abolir tous les étants, Magazine Littéraire n° 394 - janvier 2001, p. 25-27.



Eh bien moi, c’est la poésie et seulement la poésie qui m’a fait, me fait et me fera planer. J’ai étudié le chinois pour traduire les poètes Tang, particulièrement ceux de l’école dite de la « rime dans/avec l’esprit » (shenyunpai) dont les trois plus éminents représentants sont Wang Wei (dont j’ai traduit et publié les oeuvres complètes), Meng Haoran et Wei Yingwu (dont j’ai publié quelques poèmes dans La Montagne vide paru(e) chez Albin Michel en Livre de Poche).
Quand je traduis du tibétain, une sadhana, par exemple, c’est la « poésie » de la chose qui me nourrit ; idem pour les soûtras… Quant au Madhyamaka etc., c’est encore la poésie du paradoxe, ce qui est paradoxal dans la poésie, le poétique de l’autrement-que-l’être, de l’autrement-que-la-pensée qui me permettent de continuer. La vérité, cette inconcevable non-chose qui gît et se tord comme une nymphe en plein orgasme « au fond de l’abîme », c’est encore sa charge poético-illuminative qui me la fait aimer, désirer, et qui me rend — sereinement – fou.
Donc, je voue tout à la poésie, qui n’a rien à voir avec le bien-dire, le beau-dire, la prosodie et toutes les techniques, du pantoum au sonnet en passant par les roubaïates ou le kidul balinais. Pour moi, un poème est un texte qu’il fallait dire (ou écrire), d’une manière unique (irremplaçable) et qui, une fois dit ou écrit, « améliore le monde ». Rien de plus, rien de moins.
Il m’est donc impossible de t’envoyer un poème, sinon cette petite traduction d’un « poème » écrit et publié en indonésien par un ami balinais libraire, journaliste et « penseur » :


Chute silencieuse

tombe la feuille morte

doucement
bercée
par le vent

prends le temps d’écouter
mais ne sombre pas
dans le silence
de la sérénité

Source du texte : Nonihil


"La montagne la plus sexy du monde"

Abolir tous les étants.
Le scepticisme ouvre la voie du doute créateur et de la suspension de l'assentiment dans le but d'atteindre le bonheur. Expérience vécue de l'« epochè » et du pyrrhonisme pur.
Je ne suis pas philosophe mais la sagesse me fait rêver. Je rêve du renversement de tout ce qui fait souffrir et, d'abord, du renversement de ma petitesse. Cette sagesse du renversement, j'ai cru, comme beaucoup, la trouver dans la voie sceptique, la voie du doute créateur et de la « suspension de l'assentiment » (epochè) dans le but d'atteindre le bonheur. Mais, à la lecture du Pyrrhon et l'apparence de Marcel Conche et la pratique du bouddhisme aidant, l'epochè est devenue pour moi, plutôt qu'une parenthèse phénoménologique vite refermée pour ne pas y laisser trop de plumes, un véritable « arrêt du jugement ». L'extrême intelligence du scepticisme à la Sextus, par exemple, peut vous déposer sur le seuil de la « grande epochè », mais elle ne vous y plongera pas autant que le « pyrrhonisme pur » et radicalement non dualiste que le mystérieux Pyrrhon d'Elis incarne désormais pour moi. (...)

Quelle indifférence ? L'adiaphorie, qui est avant tout "non-différence" et donc pas uniquement psychologique. Le secret le plus profond de la grande epochè, c'est l'adiaphorie, la réponse à la question de l'ultime "comment" des choses, leur totale non indifférence. En quoi les choses sont-elles non duelles ou égales ? Leur différences ne sont que relativement vraies : à bien chercher leurs traits distinctifs ultimes, on n'en trouve aucun qui tienne, et ce, dans aucune des logiques disponibles à ce jour. On ne trouve que des hypothèses, des axiomes, des probabilités : rien de réel, de consistant, de subsistant. Et l'on peut dire que, dans leur vérité absolue, les choses ont une seule et même essence insaisissable, laquelle fonde leur non-différence.
Cette adiaphorie universelle n'est pas sans évoquer la "grande pureté-égalité" des choses que la philosophie bouddhiste s'attache à décrire. La remarque est importante car, depuis que la philosophie occidentale se mord la queue en admirant et en protégeant ses limites (l'être et son contraire), il semble avéré que l'adiaphorie pyrrhonienne décrive une expérience métaphysique inutile : pour aider les êtres, il faut croire une bonne fois pour toutes que ce quelque chose existe réellement. A cela le bouddhisme répond que le relativement vrai offre des vérités provisoires fort utiles mais soumises au temps, etc., alors que l'absolument vrai, c'est la vacuité essentielle de toute et de chaque chose physique, psychique ou autre, sa claire insubstantialité. 
L'adiaphorique Pyrrhon ne se laisse plus berner par les fausses sagesses; les tourbillons de la pensée discriminante le laissent "immobile" : son action, qui consiste à "dépouiller l'homme" et à "abolir tous les étants" en vue du bonheur le plus parfait, ne dévie plus, sauf distraction ou mime intentionnel, de cette dimension où il "montre (à Timon, par exemple) que les choses non différentes, non mesurables et non décidables". (...)
Extrait de : Abolir tous les étants, Magazine Littéraire n° 394 - janvier 2001, p. 25-27.
Patrick Carré a consacré un roman à Pyrrhon, Yavana (ed. Phoebus, 1991), et un essai, Nostalgie de la vacuité (éd. Pauvert, 1999).
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